On s'engage sur des voies infinies et sinueuses...

1. Une nouvelle voie s'ouvre
2. Laisser le temps au temps

1 - Une nouvelle Voie s'ouvre...

Elle dansait.
Elle dansait, et le mouvement de ses hanches battait la même mesure que la musique, faisait sonner les pièces les unes contre les autres. Le turban qui lui entourait la taille avait été fait par sa mère, qui le lui avait offert deux jours plus tôt, quand elle était arrivée sur l’île où ils se cachaient, elle et son père.
Le foulard en lui-même était magnifique, aux couleurs irisées, entre le violet, le rose et le jaune, tons pastel et ces centaines de pièces de métal, cousues à même le morceau de tissus, qui s’agitaient au gré des mouvements.

Elle dansait.
Elle dansait, pour oublier que Gil n’était plus là. Pour oublier qu’il ne reviendrait encore qu’un mois plus tard. Cela faisait un mois qu’il était parti ; un mois durant lequel elle avait présenté Rilend à son Ahn-Ju, et durant lequel elle l’avait ensuite enjointe à rejoindre le Rentaï.
L’un et l’autre ne reviendraient pas avant un mois.
Et pour s’occuper, elle avait décidé de rendre visite à ses parents.

Transpirant par tous les pores de sa peau, la marchombre s’arrêta de danser sur le rythme de la musique pour trouver une chaise à la table où son père était installé.

- C’est pas inné, comme danse !
- C’est certain, mais tellement beau à regarder et à entendre.

Libertée sourit.
Elle se sentait enfin en paix, ici, avec son père, et sa mère qui dansait toujours en riant comme une enfant. Levant la main pour appeler une serveuse, Libertée réfléchit un instant.

- Mmm, un kir-pèche ?
- Ttt, tu ne devrais pas, lui conseilla son père en claquant de la langue.
- Ah, et pourquoi donc ? demanda la marchombre, complètement ahurie de l’attitude de son paternel : il ne lui avait jamais empêché de boire quoi que ce soit !
- Tu vibres encore plus fort que la dernière fois que l’on s’est vus, Lib.

Hein ?
Libertée cligna des yeux plusieurs fois, jusqu’à ce que les paroles de son père se fassent enfin un chemin jusqu’à son cerveau.

- Quoi ?! Mais…

Un long frisson la traversa, hérissant tous les poils de sa peau. Elle posa une main sur son ventre, agrandit encore une fois les yeux. Elle hésitait soudain entre les larmes et le rire.
* Encore ? Que… ?*
C’était peut-être un signe.

Alors, contre toute attente, un large sourire illumina le visage de la marchombre, et elle se précipita dans les bras de son père. Riant aux éclats. Il la prit par les épaules, pour la serrer contre lui, partageant cet instant avec émotion.
- Gil ?
- Qui d’autre ?
Le marchombre rit doucement, et dégagea sa fille de ses bras quand Voëlle s’approcha avec un regard interrogateur.
- Qu’est-ce qu’il se passe ici ?
Mais il lui suffit de poser les yeux sur sa fille, qui faisait glisser ses doigts sur son ventre, pour comprendre. Et un sourire étira ses lèvres à elle aussi.
- Félicitation ma chérie !
- Euh, excusez-moi, mais je vous sers quoi du coup ?
- Bah j’ai pas droit à l’alcool, donc je prendrais du jus de pèche !

Et la petite famille éclata de rire exactement au même moment.

♥ ♥ ♥

« Je suis là. »
Il est là. Soulagement.

♥ ♥ ♥

« Libertée est mon… amie
- Comme maman ?
- Heu… »
Naïs. Il avait abandonné Naïs. Avec leur enfant..

♥ ♥ ♥

« Elle fait partie de ma vie »

♥ ♥ ♥

« Mais Libertée, c’est avec toi que je veux fonder une famille. Avec toi, et personne d’autre. »
Vraiment ?

♥ ♥ ♥

« Et c'est vrai, je l'aime et je la désire. »
Je m’en doutais. Que pourrais-tu faire pour elle, que tu ne pourrais pas faire pour moi ?

♥ ♥ ♥

« Je t’aime, Lib »
Moi aussi.

♥ ♥ ♥

« Si tu tombes enceinte, je veux que tu me préviennes aussitôt. Où que je me trouve, quoi que je puisse être en train de faire, je te rejoindrai. Parce qu’il est absolument hors de question que je ne profite pas de ce merveilleux moment avec toi. »

« Je ne vaux certainement pas grand-chose en tant que père mais, heu... Je suis prêt à faire de mon mieux ! »

♥ ♥ ♥

Lorsqu’elle ouvrit les yeux, Libertée prit une décision.
Elle devait prévenir Gil.
Ecrire une lettre ?
Non, elle voulait le lui dire en face. Elle allait devoir attendre encore au moins deux semaines.
Dans son ventre, le bébé devait faire mlême pas la taille d’une noix.

Mais cette fois, elle le sentait.
Elle sentait sa vie en elle, et elle l’aimait déjà.
Elle ferait tout pour le protéger.

2 - Laisser le temps au temps

Une lettre, adressée à une formidable marchombre. Lou Ril'Fairy.
Elle l’avait envoyée juste après avoir retrouvé Tsukia et Aivy; elle en avait envoyée une aussi à ses apprenties d’ailleurs pour leur expliquer...
Rien n’est jamais facile.
Finalement, elle en venait à comprendre cet adage que son maître ne cessait de répéter. Elle avait coupé tous les ponts, avec tout le monde. Même avec Erwan, à vrai dire. Une lettre aussi, qu’il ne s’inquiète pas de son absence. Oui, il était sa lumière dans le noir… et c’était bien le soucis. Elle voulait retrouver sa propre lumière.

Elle avait besoin de temps.
Seule.
Beaucoup de temps.