Groupe Vifé - Cours n°2

Invité

Raven parla, quelques instants. Je la regardai, bouche bée. Non, mais je faisais des efforts, c'est pas tout les jours que je courais à ce rythme et elle en demandait beaucoup. Par contre, je fis ce qu'elle me demandait, bombai la poitrine, inspirai un bon coup et regardai devant moi. J'allais devoir souffrir, mais c'est ce qu'on dit, il faut souffrir pour être belle et il s'avère que je rayonne quand je bouge, je deviens plus confiante et heureuse, souriante, mais quand je me forcais trop, je dégringolait, perdait ma motivation, mais pour l'instant je savais que ma deuxième poussée d'énergie allait bientôt arriver, me laissant continuer et finir cette course. J'attendais, le souffle court, mais mon énergie me quittait. Je ne voyais pas le but de nous pousser à bout de nos forces, peut-être voulait-elle notre mort... Ou pire elle voulait qu'on prenne conscience de nos pauvres corps sans endurance. Elle devrait avoir honte de nous faire suer comme ça. Je regardai un peu alentour, comme pour me rassurer.

Nuhadu venait de tomber, je crois qu'il avait une idée en tête, parce qu'il sourit et justement, il ferme les yeux... Je sautai par dessus lui et lui lançai un rire cristallin, espérant un sourire, mais je pouvais bien rêver, il devait déjà dormir, essoufflé comme il était, j'entendais son coeur palpiter et son souffle était rauque.

Je me concentrai sur le mien, qui était aussi pathétique, mais moins bruyant. Il faisait beau aujourd'hui, une journée parfaite pour la course et puis j'avais de la bonne compagnie, ma jument était infatiguable, en fait je la ralentissait plus que d'autre chose.

Invité

♫ But you say we don’t mess around
You’ve got no freedom to come down
We don’t take angels from the sky ♫

Mais va-t-elle se taire, oui ? Si Ol' ne détestait pas la violence depuis un mois ou deux, elle se serait surement jeté sur son maître en lui hurlant qu'elle n'était pas humaine. Mais elle ne peu rien faire, tout simplement parce que penser est déjà trop dur pour elle. Elle garde la tête haute, elle avance car elle y est contrainte, elle regarde devant elle comme Raven le lui cri, elle ne s'arrête pas. Elle est comme un automate, elle fait ce qu'on lui demande de faire sans rouspéter, même si elle en a très envie. Qui a dit qu'une gamine n'avait pas plus de force qu'un ours ? Qui a dit qu'une petite fille ne pouvait pas se défendre ? Aujourd'hui, elle voudrait hurler à tous ceux qui l'ont nargué, tous ceux qui l'ont cherchés, l'ont poussé à bout en pensant qu'elle n'était pas capable de répondre quand on l'insultait, qu'ils ne sont rien et qu'ils ne l'ont jamais touché un seul instant. Pourquoi est-ce que le monde entier semble vouloir nuire au bonheur des autres ? Comme si la haine était la seul issue.
C'était donc ça, exister ! Souffrir ? Détester les autres, être en compétition avec eux, donner le meilleur de soit même pour ne pas se laisser abattre, et pour les plus résistant, enfoncer les faibles jusqu'à ce qu'ils ne puissent plus se relever ? La vie, c'était la haine ? Le pouvoir du plus fort... La dictature. La rébellion ! Ol' était bien décidé à ne pas se laisser distancer. Elle avait ses faiblesses, ses handicaps. Mais rien ne prouvait qu'elle était plus fragile que les autres apprentis. Certes, elle était petite, jeune, inoffensive, pleine de défauts, vulnérable et ultra sensible. Mais justement. S'il avait s'agit de fuir, elle les aurait tous distancé. Elle avait l'habitude, maintenant...

Elle se souvenait encore d'Henek, lui expliquant que les plus faibles étaient souvent ceux qui étaient les plus apte à défendre cher leur vie. Ils avaient l'habitude, alors que les forts ne s'attendaient jamais à ce que d'autres les battent. Il y avait pourtant toujours une personne plus forte qu'une autre. Au final, le mieux pour survivre était de devenir marchombre... Ils étaient forts, mais ne sous estimaient jamais leurs adversaires. Du moins c'est ce qu'Henek avait dit, parce qu'il était ainsi et que son maître l'avait été avant lui. Mais Ol' n'en était plus si sur après avoir rencontrée quelques marchombres. Certains avaient bien moins de coeur et de bonté que Tyra.

Elle inspira, suffoqua, s'étouffa en sentant l'air lui bruler la gorge sans pour autant descendre jusqu'à ses poumons... Si elle tenait, c'était seulement grace à cette incroyable volonté de ne pas paraître si petite et fragile aux yeux des autres. Elle les détestait tellement et pourtant elle se sentait si incapable de haïr qui que ce soit à part le monstre qui lui avait fait prendre conscience que la vie ne tenait qu'à un fil et que seul la mauvaise humeur de certains pouvait vous garantir votre mise à mort... Elle laissa échapper un hoquet de dégout qui lui permit d'inspirer assez d'air pour qu'elle puisse faire trois pas de plus, mais avant d'avoir pu en profiter, Nuhadu s'écroula et pour éviter de lui marcher dessus, elle voulu le contourner. Apparemment, s'arrêter convenait bien mieux à son corps... Le sol se déroba sous ses pieds, elle n'eut pas même la force de parer sa chute de ses mains et son visage heurta violemment le sol. Elle ferma les yeux. Fort. Sa tête allait exploser, si ça n'était pas déjà fait. Elle laissa échapper un gémissement de douleur, voulu faire un effort et se relever, réussit à se mettre à genoux. Elle ne se releva pas. Son dos craqua bruyamment. Son abdomen entier la tirait, à l'endroit ou la lame du monstre l'avait transpercé. Elle avait si mal, si mal. Elle sentit ses yeux partir vers le haut, elle voulu s'endormir, même si ce « sommeil » faisait plus office d'inconscience mais elle se retint. Car la seule fois ou cela lui était arrivée, elle avait faillit ne pas se réveiller, elle lutta, baissa la tête en attendant que la douleur s'évapore.

♫ I’m not your angel darling
I am never gonna be ♫

Invité

Raven rageait à moitié. Et en même temps elle était terriblement fière de ses apprentis. Aucun n’était assez bête pour protester, perdre leur souffle, ne plus respirer aussi régulièrement – enfin, de ce qu’ils en pouvaient en faire – juste pour lui répondre. En même temps, avoir des apprentis avec une bonne personnalité pouvait être particulièrement intéressant pour elle ! Grimaçant toute seule, elle continuait à les pousser à bout, à les asticoter…

.. Jusqu’à ce que Nuhadu tombât brutalement sur le sol de terre. Son hongre s’arrêta à côté de lui, avait de lui souffler dans la nuque. Pas de réaction, et un sourire béat sur les lèvres…

Raven éclata de rire.
En une petite accélération, elle se trouva bientôt à la hauteur du jeune homme et lui passa de l’eau sur le visage pour le réveiller. Elle héla Owea pour qu’elle s’arrêtât, mais déjà Ol’ tombait à son tour. Dans un réflexe sidérant de vivacité, Raven se décala d’un pas à gauche, appuis bas – toujours accroupie – et attrapa la jeune fille dans ses bras pour ne pas qu’elle se fît mal en heurtant le sol. Un sourire tranquille sur le visage, la petite Marchombre s’occupa des deux jeunes gens qui n’arrivaient presque plus à respirer, qui ne sentaient plus leurs jambes. Elle leur passa de l’eau sur le visage, leur tapotant les joues pour les réveiller.

Quand enfin l’un et l’autre eurent plutôt repris connaissance, elle les aida à se redresser, tranquillement, et les fit marcher. Son regard était presque doux, mais tout de même ferme.

- Une leçon de plus : savoir dire stop. Quand votre corps vous donne des signes d’alarme, il faut savoir l’écouter et s’arrêter. Ca ne sert à rien de vous pousser trop loin ! Si là, je n’avais pas été là pour vous remettre debout et vous faire marcher, vous serez restés allongés je ne sais pas combien de temps, et votre organisme n’aurait pas pu se remettre du choc que vous lui avez fait subir.

Elle grimaça, lâchant un soupir.

- Donc la prochaine fois, dites-moi stop ! Je ne veux pas des crevettes qui se taisent dans ce cours. Je ne veux pas des apprentis soumis. Il faut que vous restiez vous-mêmes ! Ne vous retenez pas de me lancer des remarques acerbes, puisque moi je n’hésite pas à vous en faire subir. Ca ne sert à rien de se cacher, il faut s’exprimer. Sinon, vous allez droit dans le mur, et vous perdre vous-même…

Elle se gratta la gorge, passant sa main dans ses cheveux.

- C’est pas le but. L’but, c’est d’vous faire devenir vous. Entièrement vous. Complètement vous. Pour ça, ‘faut savoir écouter votre corps, et votre esprit, mais pas trop non plus. C’une question d’équilibre !

Secouant la tête, elle fit donc marcher les apprentis jusqu’à ce qu’ils eussent parfaitement repris leur souffle. Elle continuait de leur parler, de leur expliquer l’équilibre, justement, de leur faire comprendre comment sentir les limites et comment savoir quand il fallait s’arrêter. Mais les mots, avec Raven, étaient toujours difficiles, et peut-être n’était-elle pas forcément très claire. Elle tentait de l’être, évidemment, mais elle ne garantissait rien. Et puis, il fallait vivre les choses pour les percevoir. On n’apprend pas son corps en écoutant quelqu’un vous dire quoi faire ! Il faut faire, de soi-même.

Arrivée à cette conclusion, Raven s’éloigna donc de la piste qui les emmenait dans l’Ouest et vers le Sud – vers Fériane. Elle les arrêta enfin une bonne heure pour qu’ils pussent manger et boire à convenance, et même qu’ils s’accordassent une petite sieste s’ils le souhaitaient… Mais elle les encouragea – à sa manière – à vite se lever quand ce fut l’heure de commencer autre chose.

Un sourire mi-figue, mi-raisin sur le visage, la petite Marchombre se leva et demanda à ses apprentis de faire de même. Sa voix acerbe claqua dans l’air pour leur donner un peu de vivacité, et quand ils furent debout, elle prit une poignée de gravillon à ses pieds et les lança très rapidement, un par un, vers ses apprentis qui étaient levés.

Taquine, elle s’arrêta un instant, pour aller tracer une sorte de cercle autour des apprentis, avant de se repositionner à sa place.

- Pas le droit d’sortir de ce truc par terre. Le but est évidemment de se recevoir le moins de bleus possibles. On appelle ça l’esquive !

A peine sa phrase terminée, elle lançait déjà de nouvelles petites pierres. Oh, c’étaient des cailloux, vraiment petits. On ne les voyait plus une fois qu’ils avaient quitté la main de Raven, et elle les lançait dans tous les sens, vers toutes les parties du corps de ses apprentis. Dans les jambes, les bras, les épaules, le ventre, le buste, le bassin… Bon, quand même, pour l’instant, la tête c’était un peu trop demander pour eux, elle le savait, alors elle faisait attention, surtout pour Ol’ qui était plus petite que les deux autres…

Invité

♫ It gets hard every day ♫

Ol' ouvre les yeux. Le ciel est d'un bleu étincelant. D'un bleu incroyable. C'est beau, tout ça... La magie d'un monde infini et intouchable. C'est quoi le Ciel ? Ol' ferme les yeux. Des points de couleurs semblent danser tout autour d'elle. Sa nuque et sa mâchoire sont douloureuses. Les mains de Raven la presse doucement, presque tendrement. Elle est peut-être gentille au fond. Bien moins sage que Bella, mais avec son propre caractère. Sa propre personnalité. C'est ça l'originalité d'un monde bien fait : La différence. Ol' rouvre les yeux. Le sol tangue beaucoup. Ou c'est peut-être sa tête qui tourne qui lui donne cette impression de mouvement. Elle ne sait pas, elle ne sais plus. Plus rien. Elle observe, subit, s'accroche à une parcelle de bon sens pour ne pas se laisser sombrer dans l'inconscience. Et aussi parce qu'elle aime tant ce ciel bleu, si illuminé par le soleil qu'il lui brûle les yeux. Elle a envie de sourire, mais c'est un peu dur quand votre corps vous fait subir les pire torture qu'il existe juste pour obtenir ce qu'il veut.

Mais voilà de l'eau. Ce liquide frais qui lui coule dans la gorge et finit de l'étouffer, tout en lui procurant un bien fou ! De l'attention, Raven qui la tire sur ses pieds, l'oblige à marcher alors qu'elle est incapable de tenir sur ses jambes ! N'est-elle pas un peu folle ?Elle voudrait fermer les yeux, se laisser tomber à genoux. S'oublier. Mais ses jambes malgré ce qu'elles lui laissent à penser, savent encore quel mouvement effectuer pour aller de l'avant malgré tout. Elle se sent à la foid lourde et extrêmement légère. Comme si elle pesait le poids d'une plume, mais qu'une enclume était venu l'écraser de son poids. Elle ne sait plus quel poids elle pèse et au fond elle s'en fiche : elle est vivante, regardez, elle marche.

Ol' a vraiment envie d'ouvrir la bouche, de se rebeller. Elle se contente d'écouter, impuissante, les sermons de son maître. Et elle alors ? Même pas capable de repérer la fatigue de ses apprentis ! Elle jure, intérieurement. Mais en la voyant marcher comme ça, tel un robot vers son seul but, personne ne remarque le chaos, la multitude de jurons qui s'échappe de sous la cascades de ses cheveux blancs. Elle pense si fort qu'on pourrait presque l'entendre. Bon, c'est quand qu'elle se tait et qu'elle nous laisse marcher en paix ?

Elle se mord les lèvres, fort. C'est la seule chose qu'elle peu faire. Elle sent bien qu'elle devrait se retourner, hurler sa rage. Mais ses mots restent bloqués dans sa gorge alors qu'une boule douloureuse s'y forme et enfle au fur et à mesure qu'elle repense aux paroles incessantes et irritantes de Raven. Elle doit se concentrer sur le sol, il s'amuse à se défiler sous ses pieds et c'est un peu comme de marcher sur un tapis roulant. Essayez toujours de suivre quand la vitesse du tapis est légèrement trop rapide et que vos jambes ne font pas d'assez grands pas !

Un soupir. Elle reprend son souffle. Enfin, elle se tourne et alors qu'elle voudrait hurler, c'est la plainte d'une enfant qui vient de perdre à un jeu auxquels elle se pensait voué à gagner qui s'échappe :

- C'est notre faute, en plus.

Alors vas y Raven, répond que tu n'as jamais dit ça et je jure que je te tire la langue ! Elle a envie de pleurer, elle se rend à peine compte de ses manières de petite fille. Elle agit sans réfléchir, ça vient tout seul, ça sort d'elle alors que ses pensées lui paraissent beaucoup plus cinglantes. Elle ne se sent pas différente, pourtant. Pas tant que ça. Ou peut-être qu'elle l'accepte. Après tout, c'est elle qui ne veut pas se décider à grandir !

♫ If Life was as simple... ♫

Epuisé et tellement bien. Plus vide qu'il n'aurait jamais pu l'imaginer et peut être aussi plus lourd. La terre est encore légèrement humide, son odeur emplit ses narines, entêtante et chaleureuse. Ses paupières fermées l'ont plongé dans l'obscurité et sa conscience vacillante la abandonné aux ténèbres d'un monde sans nom. Un monde de rêves, de souvenirs et de vide. Il retrouve les un instant les lèvres d'une femme qu'il a rencontré au bord d'une cascade. Une puissante cascade qui gronde. Qui l'éclabousse.. Une cascade où il a manqué de se noyer..
Une cascade où il se noie.

Il se redresse vivement, le visage dégoulinant d'eau, le souffle affolé. Comme si la reprise soudaine de fonction était trop rapide, il ne vit d'abord rien, puis des mouvement flous. Qu'est-ce qui se passe ici ? Où est la cascade ? Ce n'est que Raven devant lui qui lui tapotte les joues avec un sourire.. Qu'est-ce qu'elle fait au bord de cette cascade elle ?

Quand y est-il revenu ?

Il secoue la tête qu'il avait lourde, autant pour se remettre les idées en place que pour chasser l'eau que Raven avait prit soin de déverser sur lui. Il n'y a pas de cascade, ils sont au milieu de nulle part, et ils courraient il n'y a pas si longtemps.. La suite est un peu flou, mais il se souvenait d'avoir rencontré brutalement le sol avant de plonger bien vite dans un sommeil plutôt profond.
Une main l'aida à reprendre appui sur ses pieds, chose plutôt difficile, ses jambes refusant de répondre au premier abord, mais une fois debout il put tenir dessus.

Manger et dormir. Deux choses dont-il a désespérément besoin. Mais le regard de Raven ne semble pas du même avis.. et elle reprend ses reproches. Il a trop mal à la tête pour y faire très attention, et surtout elle a beaucoup à dire. Ça aurait pu attendre.. Il ne sait même pas ce qu'il faut tirer de ses phrases, elle leur demande tout et leur reproche de donner trop, et surtout de ne pas se plaindre.. Se plaindre..

Ol' semble à bout elle aussi, elle se contente d'une petite phrase aux accents enfantins, mais pleine de colère. Il est d'accord avec elle. Mais il ne le dira pas. Il ne sait pas comment fonctionne Raven et ça le trouble. Ne pas pouvoir la cerner, ne serait-ce que dans ses attentes le dérange. Et se plaindre dans tout ça ? Faut-il que l'on refuse ouvertement d'être guider pour trouver son but ? Il ne sait pas comment penser tout cela et il a mal à la tête.

-J'ai faim..

Remarque faite à lui même, plus haut qu'il ne l'aurait voulu. Tant pis, il faudra faire avec. Et accepter que Raven riposte encore. En même temps, il aurait pu essayer de répondre quelque chose de plus intéressant pour ce qu'elle essayait de leur inculquer, mais là.. il était sur le point de retomber dans des rêves que la gourde de Raven auront plus de mal à chasser.
Et pourtant... Il se croyait capable de bien plus, capable de courir une heure encore sans demander quoi que ce soit. Comment a-t-il pu passer d'un cas à l'autre aussi vite ? L'arrêt brutal de sa course était accidentelle, mais voilà qu'il ne se sentait plus capable de la reprendre. Pire. Voilà qu'il avait du mal à marcher.
Trop léger, trop mollasson. Ce n'était pas lui. Comment Raven peut-elle à se point le vider de son énergie ?

Sans doute avait-elle conscience qu'il était à bout, mais elle ne lui accorda pas le repos qu'il attendait immédiatement, préférant pousser ses apprentis à marcher. Nuhadu poussa le soupir le plus désespéré de sa vie, puis il rejoint le gentil Kishi, s'appuyant doucement sur lui pour avancer. Il avait peur qu'à un moment ses jambes ne lâche, mais elles tinrent bon, jusqu'à ce que Raven les laissa manger et se reposer. La joie sur les lèvres, le garçon dévora rapidement son déjeuner et envisagea l'idée de la sieste.. Qu'il délaissa pour une raison simple. Il n'arriverait pas à dormir en plein jour. Il préféra s'adosser à un tronc et contempler le ciel dans une respiration profonde.

Comme une méditation.
Des instants qu'il aimait, bien qu'il s'isolait du groupe en ce moment, il ne pouvait que se plonger pleinement dedans. Il a beaucoup d'énergie à se refaire et ils n'en sont qu'à la moitié de la journée.. Raven finira sûrement par le tuer.. ou il finira par s'ouvrir à elle. Il n'y a pas d'autres alternatives, c'est ce qu'il a compris de ses mots. Soit ils commencent à se plaindre, soit ils se détruiront à vouloir la suivre.

C'est si contradictoire...
Un loup ne défi son chef de meute que pour prendre sa place.. Il ne risque pas de voler celle de Raven. Pourtant, elle réclame qu'on la défie. Pourquoi ? Pourquoi ne se complaît-elle pas dans l'obéissance de ses apprentis..
Pourquoi obéir à un maître lui paraît si contradictoire avec sa voie ? Pourquoi a-t-il envie de l'envoyer bouler quand elle leur balance ses sarcasmes ?
Pourquoi n'arrive-t-il pas à se décider ?

Il s'était mis d'accord, en entrant à l'académie, pour progresser le plus vite possible sur cette voie, quitte à accepter des chaînes avant de pouvoir marcher libre. Il s'était résigner à avoir un maître.
Mais Raven n'est pas n'importe quel Maître.

Qu'importe, il se laisse glisser dans une éternité de contemplation dans lequel son esprit se vide. Plus de questions.

Une voix claque fort le faisant tourner la tête vers son maître qui, excitée comme une puce et comme toujours, était déjà prête à repartir. Il grimace un peu mais il a récupéré. Il espère juste au fond de lui qu'elle ne compte pas les faire courir encore avant demain.. Et là encore c'était un peu tôt à son goût.

Mais elle se lance dans un nouveau jeu, qu'il n'apprécie pas réellement.. Un cercle bien trop petit qui se trace telle une prison, et des pierre, bien que petites, qui fusent sur lui, sur Owea et sur Ol...
La petite fille ne lui a toujours pas adressé plus de deux mots, n'a pas fait mine de le reconnaître, mais plus il la regarde et plus il a l'impression que le vent lui à joué d'autres mauvais tours depuis l'histoire de la plaine..
Et maintenant Raven est devenu son vent. (incorrigible celle la )

L'instinct l'aurait poussé à se poser devant elle quitte à recevoir chaque pierre à sa place. Mais Raven à demander à ce qu'ils esquivent..

Un choix douloureux qui lui valut une pierre dans la cuisse.
C'est elle le maître.. malgré tout ce qu'elle a dit, il n'a pas à interférer dans un exercice..
Mais quand même.

Résigné à poser des questions plus tard, il se plonge dans ce nouveau jeu, essayant d'esquiver sans prendre trop d'écart puisqu'ils sont trois dans ce cercle.. définitivement trop petit.

Faut-il porter des chaînes pour vivre libre?

Courir.
Toujours plus loin. Toujours plus longtemps. Toujours plus vite.
Libertée inspira profondément l’air plutôt frai de cette matinée claire. Elle courait. Elle courait pour le plaisir, pour l’envie d’aller vers l’avant. Mais aussi pour autre chose, pour une fois. Et oui, parce qu’elle avait reçu un petit oiseau de la part de l’Académie, dans laquelle elle était allée faire un tour quelques semaines plus tôt, dans l’espoir d’avoir des apprentis.
Elle se sentait prête, après tout. Pourquoi attendre… ?

Bah, parce qu’il n’y avait pas de groupe disponible, en l’occurrence. On lui avait dit qu’elle serait prévenue sans tarder quand il serait temps, alors elle ne s’était pas privée d’une longue promenade. Elle avait décidé de faire le tour du Lac Chen en courant.
Ses longs cheveux remontés en une haute queue de cheval dégageant sa nuque fine, ils battaient son dos en rythme avec chacune de ses foulées.

« Tu devras rejoindre un groupe en route vers Tintiane.
Ils doivent longer le Lac Chen pour remonter dans le Nord. »

Repensant au petit mot qu’elle avait trouvé attaché à la patte de l’oiseau voyageur, Libertée haussa les épaules. Elle y serait bientôt, étant donné qu’elle avait commencé son tour par l’Ouest, elle redescendait de l’autre côté du Lac, et les croiserait forcément.
Enfin, elle espérait !
Il n’y avait pas de raisons après tout.
Sauf s’ils passaient par des chemins de traverse. Sauf si le Maître en question avait décidé de faire un peu de folklore et de les faire passer par les marécages. Ou un truc du genre. Des fois, les gens avaient de ses idées ! – elle ne pensait pas aux siennes, évidemment. Les siennes étaient toujours mieux, plus originales, plus sympathiques, forcément !

Lâchant un léger soupir, le sourire sur les lèvres, son souffle forma une légère buée devant ses yeux. Déjà, elle la franchissait, sa foulée régulière allant à la rencontre du sol. Il faisait plutôt beau, même si l’air était froid !
Mais elle allait les trouver : tous les bruits semblaient se répercuter à l’infini…

♥♥♥

- Mademoiselle… Mademoiselle ! Attendez !!

- Pas le temps, désolée ! Je vous le rendrai !

L’homme qui venait de l’apostropher avait couru sur une dizaine de mètres, mais avait très vite abandonné l’idée de la rattraper. Il finit par se pencher vers le sol, alors que trois éclats dorés attiraient son regard...
Trois pièces d'or !
Pour son cheval...
Relevant la tête, il voyait la longue chevelure de la jeune femme, comme un pendule, qui s’éloignait inexorablement de lui, petit point blond et roux qui s’évaporait dans l’horizon du soleil couchant.

Libertée lâcha un long rire, qui raisonna jusque dans ses entrailles. Il la regarda partir, sans s’arrêter, sans ralentir. Un petit truc bizarre dans le ventre.

Mais elle ne s’arrêta pas.
Elle voulait continuer de courir.
Courir devant le cheval.
Courir vers l’infini !
- ou vers ceux qui seront ses apprentis… -

♥♥♥

Un sourire sur les lèvres, Libertée repassa dans une marche active. Après les longues heures à courir, elle avait du mal à sentir ses jambes, mais elle était parfaitement détendue et heureuse. Une fine couche de sueur recouvrait tout son corps, et elle eut envie de se baigner dans le Lac. Laissant sa monture un peu plus loin, accrochée sommairement à une branche, elle se décida.

Prenant une grande inspiration, elle ôta les quelques habits qu’elle portait sur elle – elle ne jeta même pas un coup d’œil alentours pour vérifier qu’il n’y avait personne : elle s’en fichait – et s’avança vers la rive du Lac. Posant un premier pied dans l’eau fraiche, un long frisson remonta le long de son dos.

Un sourire sur les lèvres, elle s’avança tranquillement, caressant la surface létale, pour s’immerger complètement.
Oh, elle n’y resta pas longtemps, juste assez pour se sentir de nouveau plutôt propre, avant de ressortir. Elle n’avait pas le temps de s’attarder. Elle aurait voulu trouver le groupe qui se déplaçait plutôt rapidement.

- Pas le droit d’sortir de ce truc par terre. Le but est évidemment de se recevoir le moins de bleus possibles. On appelle ça l’esquive !

Fronçant les sourcils, Libertée s’arrêta un instant pour tendre l’oreille vers l’endroit d’où provenaient ces quelques paroles.
Recevoir le moins de bleus ?
Esquive ?

Un sourire se dessina sur ses lèvres.
Elle les avait trouvés !
Se rhabillant rapidement, elle passa à la troisième vitesse son haut, et commença à courir à cloche-pied dans la bonne direction, attrapant un cheval surpris au passage. Lâchant un soupir, elle réussit à enfiler la deuxième jambe juste avant de passer les derniers buissons qui la séparait des protestations de jeunes gens qui se faisaient toucher par des pierres volant à toute allure.

Bondissant hors de son buisson, Liberté s’élança en quelques pas de danse entre les trois personnes qui étaient encerclées par une trace dans le sol, et la petite femme qui leur lançait des cailloux. Elle esquiva les quatre pierres qui furent lancées, avant que la petite marchombre ne s’arrête de la bombarder.

- Salut salut !

Elle s’avança de quelques pas bondissant vers la brune, inclinant la tête sur le côté.

- On m’a dit qu’on avait besoin de moi ici ! Donc me voilà !

Elle se tourna en une fausse révérence vers les apprentis, avant de leur adresser un large sourire et un clin d’œil amical.

- Je m’appelle Libertée, et je vais prendre le relais maintenant ! Alors…

Elle sembla réfléchir un instant, détaillant les trois jeunes gens devant elle. Il y en avait une, la rousse, qui semblait plus vieille qu’elle. Peu importait : ça faisait bizarre, oui, mais c’était comme ça ! Ne se départissant pas de son sourire, elle se redressa. Déjà, l’autre marchombre partait, lui tirant un haussement d’épaules.

- Bon ! Désolée de venir comme ça, ce n’était pas vraiment mon but de tout casser, mais… enfin, me voilà ! Alors comme je ne vous connais pas, ça serait cool que vous vous présentiez succinctement, juste votre prénom suffira ! Et après, j’aimerais savoir ce que vous avez vu et retenu jusque là.

Leur adressant un sourire encourageant, Libertée s’avança de quelques pas vers eux.

- Voilà voilà ! Et si vous avez des questions, n’hésitez pas, je suis là pour ça !

Un clin d’œil coquin dans le regard, Libertée redressa le menton pour observer avec force détails ceux qui étaient désormais ses apprentis.

Les pierres fusent.
C'est avec conscience que Raven avait dit le moins de bleus possible, car elles font souvent mouche, et elles n'apportent pas de bien. Nuhadu en est victime comme les autres. Elle avait beau prétendre entraîner ses apprentis à l'esquive, il n'arrivait pas à apprécier cette méthode. Trop rude. Il ne se plaignait pas, mais il n'en pensait pas moins. Et les pensées sont bien plus dangereuses que les mots. Il se voyait déjà sortir du cercle pour invectiver ce maître, pour qui il portait pourtant un certain respect. Il se voyait, mais il ne bougeait que pour s'écarter des trajectoires des pierres. Pour tenter de s'en écarter. Chaque coup qui faisait mouche était une invitation de plus à se concentrer. Il était gêné par ses amies, tout comme il devait les gêner. Raven aurait tout de même pu dessiner un plus grand cercle ! Il s'encombraient inutilement les uns autres dans celui-ci.

La Marchombre ne semblait aucunement embêtée par leur gêne, et même ailleurs. Puis sans que Nuhadu n'ait pu comprendre ce qui se passait, un éclair blanc dansa devant lui, lui tirant un mouvement de recul. Bienvenue car les pierres de Raven se dirigèrent sur elle, et qu'aucun obstacle ne vint freiner leur course.
C'était donc ça l'esquive ?

L'apprenti secoue la tête. Est-ce le moment de se montrer admiratif ? N'est-il pas en train d'halluciner à cause de son précédent coup de fatigue ? Voilà qu'une naine se trouvait parmis eux, avec une chevelure étonnement longue et une silhouette fine qui la faisait ressembler à Raven. Peut-être une de ses cousines ?
Pensée idiote. Peut-être devrait-il se laver la figure à coup de poing pour se réveiller. Devant lui se tenait une probable marchombre.. ou envoleuse. Le regard fermé de Raven ne montrait aucun sentiment. Elle jetait ses pierres comme si c'eut-été ses apprentis. Avait-elle prévu de leur faire cette démonstration ? Une mise en scène bien trop compliquée à mettre en place..
Alors quoi ? Fallait-il qu'il réagisse ? Inconsciemment, l'instinct de survie avait déjà fait se poser une main sur le pommeau d'une de ses épées. Le geste avait été d'un naturel qui le surprit. Depuis quand son corps saute-t-il sur d'aussi violente conclusion ?

Les pierres cessèrent de voler, et la nouvelle venue s'exprima d'une voix enjouée. Nuhadu ne répondit pas à ses salutations, lançant un regard curieux à Raven, étonnement silencieuse pour une fois, puis à ses camarades. Quelqu'un comprenait-il ce qu'il se passait ?
L'étrange petite femme exécuta des bonds, provocant chez Nuhadu de nombreuses questions sur sa santé mentale, mais il y avait d'autant plus matière à réfléchir qu'elle prétendait être venue sur la demande de Raven. Encore une chose incompréhensible.

Il serre les dents. La fatigue et la lassitude commence à s'évaporer. Ce jour était-il vraiment bon ?

- Je m’appelle Libertée, et je vais prendre le relais maintenant ! Alors…

Elle prend le temps de réfléchir à ses mots suivant, laissant sans le savoir Nuhadu penser aux précédents. Libertée ? Une blague, à n'en plus douter. On a voulu leur servir un simulacre de Marchombre pour les perturber c'est ça ? Raven finira bien par lui botter les fesses pour que l'entraînement se poursuive et la journée finisse ! Tient, Raven ne s'était jamais battu devant lui, peut-être cela sera intéressant ! Mais en vérité, son Maître tournait le dos pour récupérer ses chevaux.

Une blague..

Elle s'en allait au galop, les laissant à cette jeune femme.. qui devait prendre le relais ?

Une immonde blague !
Cela ne se peut pas ! Pourquoi Raven les laisserait ? C'est elle qui est venue les récupérer quand Bella du partir ! Ce n'est pas possible que le groupe change encore de Maître ? Et ce discours sur l'ouverture à l'autre ? N'était-ce que du vent ? Cette formation de Marchombre n'est-elle qu'une invention ? Un gag stupide ? Une spirale qui a prit tant de monde pour les pire crétins de l'Empire ! Il aurait du s'en douter en même temps.. Croire les dires d'un ivrogne sur une école de la liberté.. C'était d'une bêtise.. Et pourtant.. il avait croisé des gens qui y croyaient. Ne serait-ce que cette Miss sur les toits de l'Académie..

Et cette.. Liberté alors ? Une pâle copie de Raven, qui ne respire aucunement l'aura de Bella.. Copie ? Mis à part la taille, elle n'avait rien de son maître. Et elle devait-être leur maître à présent ? Quelle stupidité. Croire en Raven n'avait pas été trop difficile. Il n'avait alors que l'envie d'être Marchombre, et n'avait pas eut le temps de s'attacher trop à Bella. Mais aujourd'hui.. il se voyait s'ouvrir à Raven il y a à peine quelques minutes.. Que doit-il penser de ça ?

- Bon ! Désolée de venir comme ça, ce n’était pas vraiment mon but de tout casser, mais… enfin, me voilà ! Alors comme je ne vous connais pas, ça serait cool que vous vous présentiez succinctement, juste votre prénom suffira ! Et après, j’aimerais savoir ce que vous avez vu et retenu jusque là.

Elle n'y croyait quand même pas ? Ils allaient devoir agir avec elle comme si tout repartait à zéro ? Qu'était-il censé voir alors qu'on le tirait dans tout les sens ?
Rien !

Il aurait envie de frapper. Dans n'importe quoi. Du n'importe quoi ! D'où elle débarque celle la ? Ses sourires et ses clins d’œils sont vexant, voir provoquant ! Il ne la connaît pas et n'a aucune envie de le faire. Et s'il sautait sur le dos de Kishi pour poursuivre son véritable maître ?
Ne vient-elle pas de les abandonner ? Sans un mot. Ni flute, ni merde pour au revoir. Rien. N'est-ce pas un peu brutal ? Elle a toujours été un peu rustre.. mais quand même ! C'est blessant. Venant d'elle surtout qui était de nature à balancer les quatre vérités et à les amplifier. Le silence n'était pas son fort.

Et là ? C'est un silence pesant qui se dresse dans le groupe Vifé, déjà réaménagé plusieurs fois. Ce groupe ne semblait plus qu'une ombre sans valeur aux yeux du jeune homme. Et cette petite chose devant lui n'était qu'une pièce de plus.
Alors a quoi bon rester ? Il pouvait faire demi-tour, attraper Kishi et abandonner ce rêve stupide qu'il avait entrepris. Tout les malheurs du monde persistent à lui annoncer qu'il se trompe de Voie.. Que les malheur aille voir ailleurs ! Il s'est lancé et il n'abandonnera pas ! Quitte à montrer à l'autre tarée sortit d'on ne sait quel maison en forme de champignon, qu'il n'est pas si facile de le déstabiliser ! Parce que oui ! Elle fait partit de ces malheurs qui s'enchaînent et ternissent sa Voie ! Aussi Marchombre qu'elle se prétend, elle n'a pour le moment aucunement gagné de le guider.

Et son nom l'a-t-elle gagné ?

-Pourquoi doit-on changer de maître ?

Non, elle ne l'a pas gagné, et elle ne le gagnera pas de si tôt. Il a besoin de plus que cette entrée. Il a besoin d'explications.

[Pardon de ne pas répondre aux questions de Libertée, mais c'est Nuha quoi Razz

, si ça pose problème, je changerais ça.. dès que je pourrais ^^]

- Ce n'est pas moi qui le décide. Regarde, je n'y suis pour dire si elle est partie, elle l'a fait toute seule. Si elle avait voulu rester, elle m'aurait repoussée, tu ne crois pas ?

Je suis là pour vous, avant tout. Après, si vous ne voulez pas rester... Faites ce que vous voulez. Vous pouvez partir. Tâtonner pendant des années, croire que vous avez fait le seul choix qui s'imposait à vous... Mais un jour, vous penserez à ce que vous auriez pu apprendre.

Après, peut-être qu'un autre Maître voudra bien de vous. Un Maître Marchombre... Ou un Maître autre chose.
Je suis ici pour vous.
Vous ne pouvez pas vraiment avancer seuls sur la Voie. Vous n'avancerez pas parce que je vous y oblige, si vous restez, mais bien parce que vous le voulez. Personne n'avance contraint, où que ce soit.

Vous êtes libres.
Libres de partir, libres de rester...

[ Désolée, j'ai répondu à Nuhadu parce que je pensais que c'était important. Ol', tu peux répondre sans soucis hein ! ]

Elle parle pour rien dire ! Elle n'a pas de réponse pour sa question, tout juste des paroles en l'air qui se veulent sympathiques mais ne servent qu'à tromper. Raven est peut-être partie d'elle même, mais la faute ne peut pas lui en incomber ! Elle est bien au-delà de tout ça.. l'implacable Raven qui avait toujours son mot à dire sur tout.. C'est qu'il s'y était attaché. Comment peut-il espérer avancer sans ses sarcasmes sur le dos ? Elle était un peu trop sévère, certes, mais de là à ce qu'elle les abandonne à la première venue..

Il ne sait rien de la fameuse Libertée. Rien sinon que ses mots sonnent bien trop vrais. Il mourrait d'envie de la laisser en plan il y a peu, mais l'idée de perdre sa chance.. Pourquoi devrait-il la croire ? Pourquoi ne pourrait-il pas trouver le bout de sa route seul ? Quelqu'un du bien le faire.. non ? Faut-il qu'il se soumette encore a quelqu'un ? Un maître, c'était déjà beaucoup, deux c'était encore faisable.
Mais trois !

Et la liberté qu'elle prône dans tout ça ? Devoir se plier à la parole des autres parce qu'ils savent.. Y est-on obliger pour savoir ? Faudra-t-il encore qu'il courre après un maître qui l'abandonnera dès qu'il en aura par dessus la tête ? Il n'a pas cessé de se poser des questions depuis qu'il s'est engagé dans cette voie sans issue. Il était tellement plus simple d'avancer quand il n'y avait aucune attente à l'horizon.

Mais il n'a jamais été question de tourner en rond. S'il n'y a pas d'autre moyen, alors il la suivra. Mais qu'elle ne se trompe pas. Elle n'est pas son maître. Elle sera juste son guide.. Pour le temps qu'elle s'en montrera digne du moins. Il en est assez d'accorder sa confiance au simple titre de Maître Marchombre.. Peut-être n'est-ce finalement qu'un nom. Il avait cru que porter ce titre était une marque importante, qu'il se gagnait dans le mérite et l'application. Peut-être pas.

Cette femme vaut-elle son nom et son titre ? Malgré la colère qui l'emplissait toujours, il espérait bien que oui. Après tout, il lui remettait son apprentissage.

-Je te suis.. Je suis Nuhadu. On m'a apprit a m'étirer et a courir, dans la lumière comme dans le noir. On m'a apprit à me servir d'un couteau de lancer et à repousser mes limites.. Bien qu'on ait essayé de m'apprendre à ne pas les dépasser.. Je ne sais toujours pas jouer avec les courants et grimper reste pour moi très basique.
Si tu comptes vraiment faire de moi un Marchombre, je te demanderais de ne pas échouer.

Oh, il a tellement appris avec ses précédents maîtres.. mais si peu comparé à tout ce qu'elles savaient faire. La route pour devenir marchombre est encore si longue.. c'est impensable qu'il puisse rester tant à parcourir ! Encore une chute au milieu de cette voie et le doute sera plus que permit. Est-il vraiment fait pour l'Harmonie ? Oui ! Milles fois oui ! Il se doit de l'atteindre ! Que la naine qui lui sert de maître soit prête à lui offrir son avenir. Il ne veut plus traîner en route !

Et ses amies, suivront-elles aussi ce nouveau maître qui se présente ? Owea ne semble pas conquise par l'idée.. Elle brûle de son propre feu. Peut-être n'a-t-elle pas besoin de l'Harmonie que propose la Voie.
Et l'enfant brisée ? Ol' aura-t-elle le courage de poursuivre ?
Ou sera-t-il seul au final..

Elle ne s’attendait pas à cela.
Non, elle ne s’y attendait pas, mais en y réfléchissant, c’était logique, après tout : si quelqu’un était venu alors qu’elle était un milieu d’un exercice avec son propre Maître, comment aurait-elle réagi ? Aurait-elle pu suivre cette personne immédiatement, les yeux presque fermés, et regarder l’homme qui l’avait guidée jusqu’alors s’en aller sans un regard en arrière, sans un mot ?

Non !
Elle avait envie de le crier. De le hurler, là, tout de suite, en s’imaginant dans une telle situation. D’autant qu’on ne pouvait pas dire qu’elle était très expérimentée, après tout : elle n’avait jamais eu d’apprentis, avant. Même pas un seul pour lui donner une petite expérience. Elle se lançait dans l’enseignement directement, ainsi, sans prendre le temps de choisir un premier apprenti, et avec plusieurs…
Non, en fait.
Il n’en restait qu’un, là, devant elle.
Le jeune homme, qui avait demandé pourquoi ils devaient changer de Maîtres. Les deux autres filles étaient déjà ailleurs, elle les sentait, elles viraient, et finalement décidèrent de s’éclipser sans un mot.

Il n’en restait qu’un.

-Je te suis.. Je suis Nuhadu. On m'a appris à m'étirer et à courir, dans la lumière comme dans le noir. On m'a appris à me servir d'un couteau de lancer et à repousser mes limites.. Bien qu'on ait essayé de m'apprendre à ne pas les dépasser... Je ne sais toujours pas jouer avec les courants et grimper reste pour moi très basique.
Si tu comptes vraiment faire de moi un Marchombre, je te demanderais de ne pas échouer.

Ainsi donc, il restait. Et cela tira un large sourire à Libertée, qu’elle teinta d’un hochement de tête vigoureux. Il venait d’énumérer à peu près ce qu’il avait fait… Et elle avait la désagréable impression que ce n’était vraiment pas grand-chose ! Il avait juste parlé de jouer avec les courants. Il n’avait pas mentionné les forces naturelles, pas touché du doigt – ou de la parole – toute une philosophie, il n’avait pas parlé non plus du lien avec son arme…
Alors, forcément, expressive comme elle était, Libertée ne put s’empêcher de faire une petite grimace. S’assurant qu’elle n’avait pas été mal interprétée, elle lâcha un long soupir, avant de finir par hocher la tête.

Un sourire sur les lèvres, elle s’avança d’un pas vers le jeune homme.

- D’accord, Nuhadu.

Se passant la main dans les cheveux, elle regarda le ciel gris un instant, réfléchissant à une manière de pouvoir s’assurer du niveau qu’avait Nuha dans ce qu’il savait déjà faire… Mais une autre idée, plus brillante, s’imposa à son esprit, et un large sourire étira ses lèvres, alors qu’elle ramenait son regard rosé sur le garcon.

Elle l’observa alors plus en détails.
Elle n’avait pas encore pris le temps de le faire, et elle s’invectiva mentalement. Il était plutôt grand – bien plus qu’elle en tout cas – et sa peau avait la couleur de l’ébène. Son visage, plutôt long, était joliment dessiné, et elle nota les légers muscles qui saillaient sous sa peau. En effet, elle avait l’impression soit qu’il n’avait pas commencé l’entraînement depuis longtemps, soit qu’il avait été quelques peu… négligé. Mais elle ne se serait pas avancée sur cette voie ainsi, alors elle préféra se dire qu’elle devait un peu reprendre depuis le début, ou presque.

Dans tous les cas, il valait mieux qu’elle refasse la plupart des exercices pour avoir une idée claire de ce dont était capable le jeune homme basané. Lui adressant un sourire lumineux, la jeune femme pencha légèrement sa tête sur le côté.

- Je crois que vous étiez en train de travailler… Hum… L’esquive, c’est ça ? On va peut-être donc repartir de ça.

Elle leva les yeux au ciel en se mordillant la lèvre inférieure, réfléchissant. Puis, elle reprit d’une voix enjouée :

- Par contre, pas avec la même méthode ! Je pense que pour savoir esquiver, il faut savoir attaquer, déjà. Savoir quoi faire de son corps, contrôler ses muscles au mieux. On va commencer par là, tout simplement. Donc !

Toute contente, elle sautilla sur place quelques secondes, avant de choisir dans son petit sac une petite clochette qu’elle attacha à sa taille, grâce à un ruban fin. Un ruban qui semblait pouvoir céder à la moindre éraflure. Evidemment, c’était fait exprès.

- Pour travailler ça, et que je voies comment tu bouges, voici donc une première chose, un premier défi : essayer d’attraper la clochette à ma taille. Tout est permis, pour toi, en tout cas. Montre-moi ce que tu sais faire, et ce que tu as appris !

Lui adressant un clin d’œil elle se redressa légèrement, un sourire sur les lèvres.
Ses longs cheveux blonds, ramenés en une haute queue de cheval, fendaient l’air joyeusement.
Elle était prête.

Que devait-il croire ? Le sourire qui a barré son visage ou la grimace ? Cette femme changeait d'expression toute les secondes ! Alors quoi ? Les quelques avancées de Nuhadu ne semblait pas la réjouir, ou peut-être n'a-t-elle pas apprécié que les autres élèves abandonnent.. il aurait peut-être du les suivre. Et puis aller où ? Il n'a pas l'intention de faire marche arrière, alors pourquoi se perdre dans des détours inutiles ? La vérité c'est bien que cette Libertée est le seul chemin qu'il veuille emprunter. Qu'elle soit fier qu'il devienne son élève ou non ?

Mais y a-t-il une quelconque utilité à observer ses expressions ? Elle sourit à nouveau, s'avançant légèrement. Deux mots pour lui signifier qu'elle l'accepte. Elle reste pourtant distante ou au moins hésitante. Elle ne sait visiblement pas par quel bout le prendre, est-il a ce point désespérant ? Prenant le temps de réfléchir, elle laissa le silence s'installer entre eux.. eux qui n'étaient plus que deux. Pouvait-il espérer qu'elle ne se montre pas trois fois plus sévère envers lui que ne l'étaient ses précédents mentors envers trois apprentis ?

- Je crois que vous étiez en train de travailler… Hum… L’esquive, c’est ça ? On va peut-être donc repartir de ça.

Au regard qu'elle lui lance, il craint bien qu'elle ne relance cet affreux exercice. Après tout, il était bien loin de rivaliser avec la démonstration qu'elle leur a faite en entrant dans le cercle. Mais il n'était vraiment pas emballé par l'idée ! Autant elle était presque amusante à pencher la tête sur le côté, autant si lui le faisait c'était pour témoigner de sa réticence avec une moue peu engageante, et peut-être aussi parce qu'il lui était instinctif de suivre ce mouvement de tête. Mais il semblerait qu'ils soient en accord à ce sujet.

- Par contre, pas avec la même méthode ! Je pense que pour savoir esquiver, il faut savoir attaquer, déjà. Savoir quoi faire de son corps, contrôler ses muscles au mieux. On va commencer par là, tout simplement. Donc !

Aurait-il du mentionner qu'il connaissait plutôt bien le maniement des armes ? Du moins de ses épées et du couteau de Raven. Il avait acquis les premières plusieurs années auparavant et depuis il pouvait se vanter d'être en phase avec elles, même si elles semblaient plus en phase avec lui que l'inverse.. Comment expliquer l'influence que leur chant a sur lui ? En tout cas, il pouvait se vanter d'avoir un niveau plus qu'acceptable à ce niveau là !

Mais il restait décontenancé de voir son nouveau mentor sautiller comme si elle n'eut été qu'une petite enfant. Et petite était un terme décidément bien choisit. Quelle taille pouvait-elle bien faire ? Et surtout quelle âge a-t-elle ? Si ça se trouvait, elle était à peine plus âgée que lui ! Ses maître sont décidément de plus en plus jeunes. Une fois son débordement de gaieté expulsé, elle tira une clochette d'un petit sac et se l'attacha à la ceinture avec un fin ruban. Que comptait-elle faire avec ça ? Une nouvelle facétie de la marchombre ?

- Pour travailler ça, et que je voies comment tu bouges, voici donc une première chose, un premier défi : essayer d’attraper la clochette à ma taille. Tout est permis, pour toi, en tout cas. Montre-moi ce que tu sais faire, et ce que tu as appris !

Tout est permis ? Voulait-elle insinuer que lui courir après ne suffirait pas ? En même temps, ça aurait été étonnant.. Alors quoi ? La menacer avec ses épées ? Et prendre le risque de perdre son professeur en si peu de temps ? Non, trop risqué, et surtout ça ne ferait que l'encombrer dans ce jeu de vitesse. Il les tira doucement avant de les déposer à terre. Il aurait bien aimer les entendre siffler un peu, mais il aurait tout le temps plus tard.
Son maître tout sourire l'attendait. Jaugeant sa queue de cheval, il dut reconnaître que c'était une bonne idée et il ramena ses propres tresses derrières sa tête. Autant mettre toutes les chances de son côté.
Prenant juste le temps de l'étudier, en quête d'un quelconque signe montrant la direction qu'elle pourrait préféré pour s'enfuir, mais elle était trop détendue pour que quoique ce soit ne filtre. Comment lui montré ce qu'il a apprit dans cette épreuve ? Courir après elle serait tout bonnement stupide et lancer le couteau n'est pas envisageable.

Ah ! Il n'a qu'à lui sauter dessus la plaquer au sol et lui voler cette stupide clochette ! Il ne va pas se casser la tête pour rien.. De toute façon, il ne voit pas comment s'y prendre autrement. Alors il se jette sur cette petite chose souriante.

Un sourire sur les lèvres, Libertée attendait, tranquille.
Elle voyait tous les points d’interrogation qui filtraient dans les yeux de celui qui était désormais son apprenti. Des tonnes de points d’interrogation, qui filaient, s’arrêtaient quelques secondes. Certains se rangeaient, d’autres s’oubliaient. Elle fronça à peine les sourcils, toujours souriante.

Elle se demandait bien comment allait s’y prendre ce jeune homme.
Nuhadu.
Elle l’observait, alors qu’il faisait de même.

Il semblait se demander quelle serait la meilleure manière de s’en prendre à elle. En plus, il avait eu l’air décontenancé de voir qu’elle lui autorisait tout ce qu’il voulait. Se croyait-il souple ? Fort ? Rapide ? Et bien, elle verrait cela rapidement ! Après tout, c’était le but de ce premier jet de sa part : voir de quoi il était capable, évaluer ce qui serait à travailler, même si de toute façon, tout serait toujours à travailler. On ne cesse de s’améliorer. Et les atouts doivent rester des atouts, pour faire face à certaines situations, on en avait toujours besoin !

♥♥♥

- Que sais-tu faire, Libertée ?

La jeune fille inclina la tête légèrement sur le côté, observant l’homme devant elle. Ce qu’elle savait faire ? Et bien… Elle n’y avait jamais vraiment réfléchi ! Mais bon, elle pouvait tenter de dire ce qui lui passait par la tête !

- Et bien… Je sais esquiver des mains qui se tendent. Je sais observer, j’aime bien essayer de cerner rapidement les gens. Et je… Bah pas grand-chose de plus.

Un sourire passa sur les lèvres de l’homme.
Un sourire dur. Et son regard flamboyant dans l’obscurité qui les entourait.

- Es-tu sûr de savoir faire cela parfaitement ?

Libertée fronça les sourcils. Il lui demandait ce qu’elle savait faire, elle avait répondu ! Il la prenait pour qui ? Une menteuse ? Elle serra les dents, soudain provocatrice.

- J’en sais rien, si c’est parfait ! Je sais le faire, c’est tout ce que vous m’avez demandé ! Je me débrouille. Y’a pas besoin de savoir faire quelque chose parfaitement pour savoir le faire ! Et de toute façon, c’est jamais parfait. Vous pensez que vous êtes parfaits, vous ?

Une autre lueur brilla dans le regard du Marchombre.
Contentement, cette fois-ci.

- Je n’ai jamais dit ça. Mais tu as raison : on ne sait jamais rien parfaitement… Il y a toujours possibilité de s’améliorer.

Il lui sourit, avant de l’emmener plus loin, parfaitement silencieux sur le pavage…

♥♥♥

Un léger sourire sur le visage alors que le souvenir s’effaçait lentement de son esprit, Libertée fixait toujours Nuhadu, prête à toute éventualité.
Elle inclinait toujours la tête sur le côté, observant le jeune homme.

Qu’allait-il tenter ?

Elle fut cependant à peine surprise quand il se précipita sur elle.
Mouvements désordonnés, pas très rapide… Une jolie souplesse, par contre.
Elle esquiva son attaque sans même bouger les pieds. Juste en effaçant ses épaules.
Avant de faire un léger pas de danse sur le côté.
Un sourire sur les lèvres, un éclat dans les yeux.
Joueuse.

Il avait tenté la méthode la plus simple et sans doute la moins efficaces. Comme il pouvait s'y attendre, elle ne porta aucun fruit. Non, pire qu'attendu ! Il aurait aussi bien pu tenter de frapper le vent qu'il aurait eut plus d'effet ! Elle ne fit pratiquement aucun mouvement pour l'esquiver, le laissant simplement passer, d'un mouvement du buste, comme les pierres tout à l'heure. Peut-on vraiment laisser glisser une masse comme Nuhadu si aisément ? Il ne l'a pas frôlé alors qu'il essayait de l'attraper bêtement. A-t-il déjà subit plus cuisant échec ?.. bon il y a bien eut de pire humiliations. Mais il y avait de quoi être surpris quand même. Ou peut-être de se rappeler qu'elle était marchombre ?

Bien entendu, il s'attendait à un impact et, sans lui, il n'y a plus rien pour stopper son élan. Voilà donc que la vitesse l'entraîne derrière la petite femme. Mais, plutôt que se laisser bêtement entraîner vers le vide, pourquoi ne pas détourner son élan vers la marchombre ? Il perdrait certainement ne équilibre, mais il pourrait la surprendre. L'une des plus grandes astuces d'un combat : Jouer sur la vitesse. Celui qui se fait passer pour lent prend l'avantage quand il accélère. Il n'était pas spécialement rapide, même pas du tout comparé à ce qu'il avait vu de Libertée. Mais elle devait s'attendre à ce qu'il s'arrête pour repartir ! Un coup unique, qui ne créé ni ouverture ni danger, n'a aucune raison d'exister. Faute de prévoir, Nuhadu savait improviser. Après tout, il fallait bien ça pour manier ses lames jumelles.

C'est le moment ou jamais de tout donner non ?
Un unique pas derrière la marchombre, pour lui servir d'appui de pivot. Et déjà il se retourne vers elle, tout en un mouvement. Elle a déjà effectué un pas.. une sorte de pas un peu étrange.. sur le côté, mais elle est toujours assez proche de lui. Faute de ne plus avoir d'appuis stable, autant se jeter entièrement sur sa cible ! Il saute sur elle, misant tout sur son élan. Au pire des cas, il devra tout recommencer ! Mais là, il tient l'occasion de la saisir à la taille et de la plaquer au sol !.. Attendez.. pourquoi faire ? La clochette se trouve déjà à sa taille, il n'a qu'à tendre la main vers elle ! Il se voit déjà s'en saisir, il n'y a pas moyen pour que ça rate !

Et si ça ratait ? Ne devrait-il pas déjà réfléchir à la suite ? Dans tout les cas, il n'est pas question pour lui de se vautrer au sol ! Ce n'est ni pratique, ni très grâcieux. Il arrivera bien à improviser une roulade ! Et il se relèvera, prêt comme toujours à poursuivre vers son but. Ne serait-ce que pour prouver à cette prétentieuse qu'elle a de la chance de l'avoir pour élève ! Et pour se montrer à lui qu'il n'est pas encore au stade de débutant.. Il faut bien se remotiver parfois !

Il est si loin son premier cours ? Celui où la vieille marchombre l'a accueilli ? Quel étrange sensation de paix il avait eut au contact de Bella. Elle pouvait les faire courir autant qu'elle le souhaitait, elle restait une source de calme infinie. Et puis il y a eut Raven ! Pratiquement l'opposée de la première ! Agitée, toujours piquante, et pourtant sympathique aussi. Elle était clairement plus.. sauvage que Bella ne l'était. Et Libertée ? Qu'elle est son aura ? Elle est.. peut-être aussi belle que cette Marchombre qu'il avait rencontré sur un toit. Miss ? Ça devait-être ça. Mais c'était encore différent.. Libertée semblait.. être une enfant.

Y a-t-il une autre façon de la décrire ?
Il verra bien.

Aplomb.
Peut-être s’est-il rendu compte que son attaque ne vaudrait rien ? Peut-être. En tout cas, il sait improviser. Parce que malgré le fait de se retrouver seul, dans le vide, en équilibre instable, en train de rater une cible, il parvient à se tourner pour lui asséner une nouvelle attaque.

Improvisation, certes…
Mais il reste prévisible.
Tout peut se lire dans son corps, dans ses mouvements… Dans ses yeux.

Un sourire toujours sur le visage, Libertée sent son regard qui flamboie.
Il est assez vif, en réalité. Elle verrait presque les idées qui filent dans son regard. Le jeune homme contrôle son corps, certes, ses muscles semblent réagir rapidement.

Elle continue de l’observer. Chaque seconde est un précieux atout pour comprendre comment fonctionne le jeune homme. Nuhadu enchaîne quelques mouvements, tente de la surprendre. Peine perdue, certes, mais Libertée ne lui en tient pas rigueur : après tout, le but est bien de voir de quoi il est capable. De mesurer sa maîtrise de lui-même, autant mentalement que physiquement.

Alors, elle ne tient pas rigueur de la lueur qu’elle peut deviner aussi, aisément, dans le regard foncé de l’apprenti.
Comme quoi, lui aussi, est en train de la tester. Evidemment, qu’il la teste. Qu’il voit s’il peut lui faire confiance. S’il peut vraiment la suivre. Elle aurait fait la même chose, après tout, si elle avait été à sa place, ne serait-ce qu’une seconde. Elle se serait jetée sur lui, et aurait tout donné… Juste pour lui montrer qui elle était, ce dont elle était capable !
Elle ne se serait même pas arrêtée pour voir sa réaction. Juste lorsqu’elle aurait été épuisée – ou satisfaite. Mais dans ce genre de cas, elle ne doutait pas qu’aucune réelle satisfaction pouvait s’imposer dans un esprit en rébellion. Alors, cela aurait été l’épuisement.

Dans tous les cas, les secondes semblaient passer à la vitesse des heures. Longues.
Parfaitement concentrée sur son apprenti, Libertée souriait, la tête toujours légèrement inclinée sur le côté dès qu’elle avait les deux pieds sur le sol.

Elle voit aussi la colère dans le regard du basané.
Colère… Contre lui-même ? Contre elle ? Contre la Maître qui a filé comme une voleuse ?
Elle soupire, ennuyée. La colère ne mène à rien, sauf si elle est bien extériorisée. Se mordant la lèvre, la jeune fille fronce légèrement les sourcils.
Peut-être le provoquer ? Elle n’en a pas envie.
Alors, peut-être le secouer ?
Il lui faudra être subtile…

- Nuhadu…

Elle fit un léger pas sur le côté. Toujours vive, et dansante.
Pétillante.

- Je veux savoir…

Elle sourit.
Cligna des paupières.

- Ce que tu sais…

Elle se mordit la langue, esquiva une nouvelle attaque d’un petit pas.
Aussi vive qu’un courant d’air.

- Apprends-moi…

Une boutade.
Un clin d’oeil.
Une esquive.

Raté !

Encore une fois elle s'échappe ! Toujours dansante, et joyeuse. Certes, ce n'est qu'un jeu.. mais c'est le jeu où il est censé lui montrer ce qu'on lui a apprit, elle l'a dit elle même ! N'est-ce pas trahir ses anciens maîtres que de se montrer si faible ?

- Nuhadu…

Comme si ce n'était pas suffisant..
Elle attend le dernier moment pour lui échapper, comme pour se donner un intérêt de poursuivre ! S'il n'a aucune chance, a quoi bon lui proposer ce défi ?

- Je veux savoir…

Savoir.. il y a tellement de chose que l'on voudrait tous savoir.
Il se réceptionne difficilement, mais dans une roulade il se relève et se retourne aussitôt.
Lui, il aimerait savoir comment attraper cette fichue clochette, comment berner cette marchombre qui le surclasse en tout point.

- Ce que tu sais…

Encore ce sourire.
Est-ce si drôle de le tourner en ridicule ? Il n'est peut être pas rapide, ni fort, ni adroit, ni souple, ni rien de tout ce qui pourrait qualifier une personne. Mais il n'est pas couard. Il ne lâchera pas l'affaire le premier !
Une grande inspiration.. Et il s'élance à nouveau. S'il ne lui sert à rien de la surprendre, alors il la poussera à la faute ! Tout le monde à une faiblesse ! Premièrement, il l'attrapera ! Il l'empêchera de danser encore.
Il se stop devant elle et essaye de l'attraper au col, mais ne saisit que du vent.

- Apprends-moi…

Lui apprendre ? Rien que ça ? Mais elle se moque de lui en plus ! C'est encore aux maître de lui apprendre ! Pas l'inverse ! Il veut qu'on lui enseigne à gravir n'importe qu'elle parois, qu'on lui apprenne à se défaire de toutes les entraves, qu'on lui montre la route de la liberté..
Pourquoi faudrait-il qu'il lui apprenne ce qu'il sait ? Alors qu'elle en sait tellement plus..
Ce qu'il sait.. Que sait-il au fond ?

Comment peut-il lui montrer qu'il sait grimper en volant une clochette ?

Il se baisse tout de suite, pour essayer de faucher ses jambes le temps qu'elle mettra à reprendre ses appuis. Peine perdue.

On lui a apprit écouter la roche, et se fondre dans l'eau, mais pas à saisir le vent, et encore.. sait-il vraiment faire tout ça ? C'est toujours quelque chose d'assez abstrait..

Il lui faudrait un filet pour que ce poisson cesse de lui glisser entre les pattes ! Mais il n'a rien d'autre que lui même sous la main ! Il se relève pour repartir au contact. Il ne peut quand même pas aller jusqu'à la blesser ! Et pourtant, c'est tentant.
Il donne un coup de poing, délibérément sur le flanc gauche pour qu'elle esquive à l'opposé. S'il se donne un coup d'avance sur elle, il pourra sans aucun doute la prendre de vitesse !
Encore une ruse vieille comme le monde qui fait pourtant souvent mouche. Pousser l'adversaire dans un piège.
Si seulement ça avait une chance de marcher.. Raven n'avait-elle pas dit un jour, que tout n'était qu'une question d'écoute ? Il ne sait plus vraiment, mais l'idée c'est la seule idée qu'il lui reste. Il faut donc qu'il écoute cette femme.. qu'il essaie de se fondre dans son rythme.
Une enfant qui danse.
Elle n'attaque pas, elle se contente d'attendre le moment critique pour se soustraire à ses assauts, puis elle danse sur quelques pas pour que tout recommence.
Briser le cercle de l'échec.. Il ne doit tout simplement plus suivre sa danse à elle et la forcer à la quitter.
Il faut qu'il arrête de penser une attaque, mais qu'il envisage une danse.. Sans lames ? Peut-on faire virevolter ses points aussi vite qu'une épée ? Il ne reste plus qu'à essayer pour savoir.
Alors qu'elle se dérobe encore, il frappe de l'autre main, et l'accompagne d'un pas pour ne pas perdre le contact. Il ne faut pas qu'elle parvienne à s'écarter de lui, sinon c'est un échec de plus pour compléter le cycle.

Et il lui montrera peut-être qu'il sait écouter.

[note: la fin ne me plaisait pas trop, donc j'ai édité. Rolling Eyes

j'espère que ça te dérange pas.]

Libertée s’amuse autant qu’elle observe.
Parce que ce jeune homme a la rage. Le courage. La volonté. Il se laisse cependant déstabiliser par ses paroles, faites de vent et de joie. Il semble en colère contre ces quelques mots, tout simplement parce qu’il ne voit pas plus loin. Il ne voit pas plus loin, parce qu’il a décidé lui-même de se mettre un voile sous les yeux.

Il ne voulait pas changer de Maître.
C’est une évidence, et Libertée ne peut pas lui en vouloir pour cela. Il a raison de s’insurger, de quelque manière que ce soit. Fut-ce en l’ignorant, en la dévalorisant. Peu importait, après tout, il fallait qu’il se libère de sa gangue, il fallait qu’il extériorise ces sentiments, pour pouvoir comprendre l’erreur qu’il faisait lui-même.
Il rage de voir qu’elle veut qu’il lui apprenne. Il n’a pas compris que tout le monde a à apprendre de tous. Qu’il pouvait lui apprendre bien des choses, même si c’était inconscient. Ou même des choses sur lui-même.
C’était surtout à cela qu’elle pensait…

La Marchombre continue de virevolter.
Elle provoque, évidemment. Attend toujours le dernier moment pour s’échapper, s’effacer, esquiver. Lui donner cette force, qu’elle voit dans son regard, et donc il ne sait pas se servir, ou qu’il ne maîtrise peut-être pas. Dans ses gestes, elle commence à percevoir plus qu’une simple mécanique rodé, blasée, de celui qui n’a pas envie d’exécuter un exercice, mais qui s’y plie par esprit de soumission, ou presque.

Il commence à se mouvoir plus gracieusement, plus efficacement. Plus rapidement. Jamais assez pour la toucher, feu follet qu’elle est, aussi immatérielle que le vent lui-même, mais une amélioration est nettement perceptible. Il se fluidifie. Il tente de la surprendre, d’abord, par vivacité. Entre la lenteur et la rapidité, il flotte en équilibre entre le contrôle total de ses muscles, et le contrôle partiel de son centre de gravité.
Il n’est pas nécessairement précis, par contre, justement à cause de ce manque de perception du sol.

Et puis, son attitude change encore. Nouvelle stratégie : la pousser à la faute. Elle le lit dans ses yeux, dans sa position, dans sa manière de faire. Il est aussi transparent qu’un film d’eau pure. Pourtant, il tente de commencer quelque chose de moins brut, de plus subtil. Elle le voit analyser ses propres gestes, à elle, tenter de s’accorder au temps, et de la désaccorder. Une bonne stratégie, en somme, c’est un fait. Cependant trop peu approfondie.

Un sourire sur les lèvres, Liberté se coule entre ses bras.
Un poing désaxé à gauche, pour la faire filer à droite. Le corps de l’apprenti bouge légèrement vers l’avant, indice précieux qui indique à Libertée qu’il va avancer d’un pas pour ne pas la rater. Un léger sourire, et son regard étincelle brièvement. Plutôt que de s’écarter en rompant d’un pas, la jeune femme réagit aussi vivement qu’un courant d’air, en fléchissant les genoux, pour passer sous le coude de Nuhadu, l’effleurant au passage, si proche de lui…
Aussi vive qu’un feu follet, Libertée fait à peine glisser ses doigts sur le coude ouvert, saisit l’avant-bras au niveau du poignet, bloque le retrait de la main de son pouce, et virevolte dans son dos, dans une clé de bras aussi légère que puissante.

Immobilisé, le jeune homme.
Elle le sent tenter de reprendre son souffle, de résister légèrement.
Attends une fraction de seconde avant de le relâcher, bondissant en arrière souplement.

Campée sur ses appuis, les bras le long du corps, elle redresse le menton, avant de sourire.

- Attention à tes pieds. Utilise la force de la terre. Immobilité et jaillissement…

Elle sait parfaitement qu’il n’arrivera pas à la toucher. Pas encore. Mais elle lui laisse cet espoir, se retirant au dernier moment, comme une fine pédagogue qu’elle ne pensait, en réalité, ne pas être…

[ Désolée, c'est un peu court ! ]

Sujet: Re: Groupe Vifé - Cours n°2 Jeu 01 Mar 2012, 15:05

Il l'a coincée, elle ne fait pas mine de s'échapper il n'aura aucun mal à se saisir d'elle maintenant.. mais son bras ne fouette que le vide et avant qu'il n'eut pu tenter de la suivre, ou même se rendre compte qu'elle ne s'était pas retirée, il se retrouva le bras douloureusement coincé dans le dos et bien incapable de s'en extirper. Elle le tient en son pouvoir, il était stupide de sa part de croire qu'elle ne ferait rien. L'exercice aurait été trop simple sinon !
Trop simple..
Ne pouvait-elle pas encore lui échapper ?

Elle le relâche et s'éloigne à nouveau de lui pour reprendre une position d'attente. Le cycle reprend, ça pourrait-être frustrant.. mais la facilité avec laquelle elle l'a maîtrisé est source d'admiration et d'étonnement. Il observe cette petite femme souriante qui l'attend sereinement et qui a tout moment devient une véritable tornade insaisissable.. et sans doute dangereuse.

La clochette est hors de sa portée, pourquoi continuer ? Il ne l'attrapera jamais, ni elle ni cette petite chose qui tinte à ses oreilles. Il faudrait bien que Libertée soit attachée et assommée pour qu'il ait la moindre petite chance de réussir ce défi.

- Attention à tes pieds. Utilise la force de la terre. Immobilité et jaillissement…
-Puiser la force de la terre ne risque-t-il pas de me ralentir plutôt ? Si je m'immobilise, tu disparaîtras dans l'instant et je ne jaillirait que dans le vide.

Le doute était trop grand pour qu'il se contente d'essayer. Non pas qu'il contestait encore les capacités et le savoir de son nouveau maître, il en avait vu assez pour la savoir à sa place désormais, cependant il ne parvenait pas à comprendre l'avantage qu'il en tirerait. Au contraire, c'est en essayant de survoler la terre et de se défaire de sa gravité par sa vitesse qu'il devrait avoir le plus de chance de la rattraper. Même si ça ne lui a guère apporter grand chose pour le moment.

Il fléchit tout de même les genoux pour ancrer ses appuis dans le sol. Certes, il peut bondir grâce à cette force, mais ce n'est qu'éphémère, une fois élancé, elle n'aura aucune difficulté à lui échapper.. est-ce vraiment utile qu'il s'y essaye ?

Il regarde du côté de ses épées qui étincelles sur le sol. Il aurait sans doute plus de facilité à la coincer avec.. mais ça ne lui apporterait rien n'est-ce pas ? Elle ne veut pas qu'il l'attrape, elle veut le jauger, elle l'a bien dit.
Mais cette clochette le nargue..

Il inspire, et se remet à la poursuivre, se propulsant avec son appuie. A peine arrive-t-il devant elle qu'il stoppe ses appuis pour tendre la main vers la cible de l'exercice, qui lui échappera encore certe, mais profitant du conseil de Liberté, il pourra bondir à nouveau.. Il se sent juste affreusement vulnérable dans le cas où elle déciderait encore de jouer des mains.

L'impression de mal suivre les instructions de la jeune femme le prenait aux entrailles. En quoi avait-il changé quelque chose à ses assauts précédents ? Il ne fera qu'entrer dans son jeu sans parvenir à quoi que ce soit. Du moins le pense-t-il.

La sueur perle déjà ses muscles depuis un moment et la fatigue de sa longue course un peu plus tôt le rattrape. Sa petite sieste n'avait apparemment pas suffit à l'en remettre parfaitement; Il aurait apprécié d'être plus en forme pour suivre le test de la jeune femme.. Mais il n'en dit rien, poursuivant la petite clochette avec détermination. On entendra pas dire qu'il aura lâché le morceau alors qu'il tenait encore sur ses deux jambes!
Il y a toujours un moyen de réussir, courir après elle n'en fait apparemment pas partit. Peut-être ce moyen n'est-il pas en sa disposition tout simplement.
Pas encore.

Sujet: Re: Groupe Vifé - Cours n°2 Mer 07 Mar 2012, 09:08

-Puiser la force de la terre ne risque-t-il pas de me ralentir plutôt ? Si je m'immobilise, tu disparaîtras dans l'instant et je ne jaillirai que dans le vide.

Libertée secoua la tête, mais ne répondit pas. Pas tout de suite. Il fallait qu’il essaye, qu’il sente ce qu’il se passait, s’il s’y tentait. Il se lance, s’appuie sur la terre, bondit vivement… Ne prend pas vraiment le temps de chercher une autre solution. Il bondit, encore, comme si elle n’avait rien dit ; ou même plutôt comme s’il n’arrivait pas à croire ce qu’elle avait pu lui conseiller.
Pourtant, c’était parfaitement cela : chercher la terre, sa force, sa puissance, pour mieux la sentir sous ses pieds. Pour mieux se mouvoir, et ainsi rétablir l’équilibre entre gravité et légèreté. C’était dans la terre que l’on trouvait la légèreté, simplement parce que sans elle, tout n’aurait été que trop léger… Un concept assez difficile à s’expliquer soi-même, alors de là à le faire comprendre à un apprenti…

Mais la jeune femme ne lâcherait pas, évidemment. Elle se devait de faire comprendre les choses à Nuhadu. Elle se devait de l’emmener plus loin, et pour l’instant elle jaugeait de ses capacités. C’était aussi pour cela qu’elle avait lancé ce conseil, tranquille : parce qu’elle devait aussi se rendre compte de sa réactivité à ce genre d’intervention sur ses actions. Un petit sourire sur les lèvres, la Marchombre fila encore sur le côté, esquivant ses doigts, se glissant sous son bras.

- C’est grâce à cette force, cette énergie, que tu pourras mieux te mouvoir. Actuellement, dès que tu poses un pied, tu redeviens parfaitement lourd. Au contraire, se gorger de cette force te permettra de garder un contact constant, léger, et t’entraînera vers la rapidité et la vivacité, parce que tu n’aurais plus besoin de garder les pieds dans un pas profond…

Un sourire, Libertée virevolte encore.
La clochette tinte toujours, comme un rythme à ses pas de danse, sans doute plus qu’agaçant pour le jeune homme qui tente de l’attraper. Mais peu importe, parce qu’elle décide de voir un autre aspect de la formation du garçon : un petit bond en arrière, et elle se positionne parfaitement au pied d’un arbre.
Un dernier sourire, et elle bondit.
Un bon prodigieux, qui lui permet de crocheter la branche la plus basse – à au moins un mètre au-dessus de sa tête – et de s’y hisser à la force des poignets, aussi vive qu’un écureuil. Etant donné sa petitesse, Nuhadu aura sans doute beaucoup moins de difficultés à attraper cette fichue branche pour la rejoindre, mais cela sera déjà un bon début.

Virant dans les branches, Libertée monte sur les ramures un peu plus fines, sans non plus grimper sur celles de la cime, plus fines que son poignet. Le but n’est pas que l’apprenti tombe, non, au contraire : elle voulait voir comment il bougeait. Dans l’arbre, dans les branches ; et même s’il n’y avait plus de feuilles pour encombrer l’espace, c’était déjà une histoire plutôt pas facile, en fait…
Surtout que la clochette tintait toujours…

[ Désolée pour le temps de réponse, et en plus mon RP est riquiqui ! J'ai eu des tas de choses à faire, et là j'ai repris les cours depuis hier... U_______U ]

Sujet: Re: Groupe Vifé - Cours n°2 Jeu 08 Mar 2012, 12:30

Si elle s'était refusée à répondre à sa question quand il l'eut posée, se contentant par un signe de tête de lui indiquer qu'il se trompait. Mais alors qu'elle lui file encore entre les doigts, comme il s'y attendait, il était loin d'échapper au cycle et plus encore de la gravité. Au contraire, ses mouvement étaient encore plus brutaux et hachés. Avant même qu'elle ne tente une remarque, il savait que ce n'était pas ce qu'elle attendait de lui. Comment les conseils d'une marchombre pourraient donner de tels résultats ? N'importe quel Thüls aurait plus d'aisance que lui et pourtant, même sans en avoir rencontré, il savait à quel point ces guerriers sont loin de prôner la souplesse et la finesse. Des guerriers certes, mais dans le sens de la force.. si loin de la quête des marchombres.

- C’est grâce à cette force, cette énergie, que tu pourras mieux te mouvoir. Actuellement, dès que tu poses un pied, tu redeviens parfaitement lourd. Au contraire, se gorger de cette force te permettra de garder un contact constant, léger, et t’entraînera vers la rapidité et la vivacité, parce que tu n’aurais plus besoin de garder les pieds dans un pas profond…

Ses mots s'allient comme s'ils étaient naturellement fait pour se mêler, mais la réalité est tout autre que les rêves qu'elle lui annonce. On aura jamais vu la force se faire légère et la vivacité naître de l'immobilité. Pourtant, quand il l'observe, il se doute bien que ses mots son vérités. Des vérités qui lui échappent encore mais qui sont la clé pour progresser. Si seulement il pouvait comprendre cette clé, il serait peut-être à même de prouver à Libertée qu'il mérite d'être son apprentie ! Mais pour le moment, il n'a pas la tête suffisamment claire pour ça. Le tintement de la clochette, ses échecs à répétition, sa fatigue grandissante et le départ de Raven et de ses deux amies de formation.. c'est un poids qui ne cesse de grandir sur ses épaules et qui pourrait finir par lui donner la migraine.

Son maître s'est déjà enfuie bien loin de lui, bondissant jusqu'à un arbre. Son sourire est suffisamment suspect pour lui tirer une mine effarée. Elle n'osera tout de même pas y grimper pour qu'il la poursuive dans les branches, personne ne peut trouver un intérêt quelconque à jouer dans les arbres comme un écureuil quand même ! Eh bien elle si ! Et elle s'y amène dans un incroyable bond, surtout pour sa toute petite minuscule taille (Nuha&co dément toute idée de provocation derrière cette description pléonastique), jusqu'à atteindre une branche. A partir de ce moment, elle se moue trop vite pour qu'il puisse en discerner les détails au milieu des branches.

Il chasse vite ses regrets, se disant que dans un arbre elle aurait moins de facilité à lui échapper. Ce raisonnement est parfaitement illogique au vue de ce qu'elle vient de faire sous ses yeux, mais il faut bien se donner de la motivation dans la vie non ? Il courre donc jusqu'à l'arbre, mais s'arrête devant avec une affreuse impression de déjà vu.

Jouer au chat et à la souri dans les branches d'un arbre.. A l'apprentie marchombre et à l'écureuil plutôt. Grimmace, ça signifie très mauvais souvenir. La course-poursuite s'était muée en ''Ours élastique traque un abrutit dans les arbres''. La partie ne s'était pas très bien finie. Il avait finit par chuter et son bras et sa jambes sont restés inutilisables et douloureux plusieurs jours, jusqu'à ce qu'il atteigne Ondiane grâce à l'aide d'un jeune Dessinateur qu'il ne reverra sans doute jamais.

Hen.. Le naïf et sympathique Hen. Il l'aura poussé à bout ce gars là.

Il faut qu'il émerge. Il ne peut pas resté planté devant un arbre avec un regard effrayé non plus ! D'abord parce qu'il n'est pas effrayé du tout ! Aurait-il eu à poursuivre un ours élastique qu'il grimperait quand même... enfin sans doute.. la question ne se pose pas ! Il n'y en a pas ! Pas cette fois. Il peut grimper sans crainte et s'il y prend un peu garde, il ne tombera pas cette fois.. Il ne risque rien hein ?
Ah ! Que l'indécision est méprisable ! Il fléchit les genoux et se hisse à la branche qu’utilisait son maître plus tôt. Il la rattrapera et lui montrera qu'il n'a peur de rien ! Ni des arbres, ni des écureuils et encore moins des ours ! La peur n'a pas d'emprise sur lui.. sinon il ne serait plus à sa place ici.
Soulevant ses jambes, il parvient à se hisser complètement sur sa branche. Le plus gros est fait, il a désormais une multitude d'appuis pour le soutenir et tant qu'il ne s'éloigne pas trop du tronc, ou qu'il ne grimpe pas trop haut, il n'aura pas trop à s'inquiéter de leur fiabilité.

Il retrouve son maître, encore et toujours souriante, allez savoir pourquoi, qui l'attend bien plus loin. Sans perdre un instant, il se hisse vers les sommets de l'arbre, n'hésitant pas à bondir pour attraper des branches plus élevées mais aussi plus utiles à son avancée. N'était-ce pas Raven qui lui avait conseillé de profiter de sa taille dans l'escalade ? Si, ce devait-être elle aussi. Au moins ne l'aura-t-elle pas abandonné complètement incapable, malgré ce qu'avait semblé en penser Libertée. Qu'avait-elle dit d'autre aussi ? N'était-ce pas ne faire qu'un avec ce qu'on veut comprendre ? Se fondre dans la roche lorsqu'ils gravissaient cette parois rocheuse et maintenant donc.. chercher la puissance du bois ?

Libertée avait-elle voulu qu'il cherche la puissance de la terre ? Les marchombres sont bien difficiles à comprendre, quand ils partent dans des termes aussi abstraits que ceux ci. Le bois défile sous ses mains, rugueux, il meurtrie un peu ses doigts et les menaces d'échardes. Il évite d'essayer de glisser dessus, préférant s'y fixer à chaque fois pour le quitter dans l'instant qui suis. Il n'est pas aussi fort et immuable que la roche, au contraire même, il pulse d'une vie bien plus active, mais tellement moins que la sienne. Les nuances sont infinis.
Il y a des choses qui sont bien plus réceptives que d'autres, des choses qui sont bien plus fortes, d'autres qui sont tellement plus âgées. Et il y a des gens qui s'oublient facilement.

Nuhadu jette un regard dubitatif à Libertée. Les gens sont-ils aussi des puissances ? Ce genre de puissances qu'il faut apprendre à connaître ?
Quelles sont ses nuances à elle?

[Courage maître X) ]

Sujet: Re: Groupe Vifé - Cours n°2 Ven 09 Mar 2012, 13:12

Un sourire sur les lèvres, Libertée regardait Nuhadu grimper dans l’arbre, un peu pataud, certes, mais pas non plus né de la dernière pluie. Cet apprenti en savait plus qu’il ne voulait bien l’admettre, c’était un fait. Mais elle n’allait pas s’en contenter, loin de là ! Elle voulait en savoir plus, toujours plus. Pour continuer à le faire avancer, évidemment. Là, elle le testait encore, en un sens, et en même temps, ils commençaient déjà le travail, en quelques sortes : après tout, elle lui donnait bien des conseils, aussi éphémères soient-ils.

Les arbres…
Il fallait bien avouer que Libertée avait mis un certain temps à s’y glisser avec autant de facilité. Et encore, parfois, elle avait l’impression d’être pire qu’un éléphant dans les branchages ; ce n’était pas réellement son domaine à elle. Ce qu’elle préférait, c’était l’eau, le vent. La roche, cette puissance indicible, énorme, indescriptible ; une pulsation versatile et profondément ancrée pourtant, en elle, dans le monde. Alors, la jeune femme glissait le long des branches, louvoyait sur les troncs, caressait l’écorce, tout en sachant que tout cela n’était que grâce à de dures années de labeur, et notamment avec son Maître, durant sa formation.

Souriant toujours, elle reporte son attention sur Nuhadu qui la rattrapait. Il faisait attention à ce qu’il faisait, bien plus que sur le sol. Le fait de ne pas tout à fait maîtriser cet espace en était-il la cause ? Ou bien… Elle avait pu deviner un certain traumatisme dans son regard, avant qu’il ne grimpe sur sa première branche. Mauvaise expérience… ? Et bien, il devait lui aussi apprendre à aller au-delà de ce qu’il avait pu vivre. Comprendre que rien n’était impossible. Alors, Libertée le laissait se rapprocher, glissait le long d’un tronc, bondissait, saisissait une branche souple, dès qu’elle était à sa portée, l’entraînant toujours plus loin. Et puis, invariablement, elle revint vers la petite clairière où se trouvaient les chevaux. Un soupir se glissa dans sa longue chevelure, et elle se laissa choir au pied d’un arbre, près des deux équidés.
Combien de temps avaient-ils passé dans les ramures ? Près d’une heure, à la louche, peut-être un peu plus même, d’après ce que pouvait en juger la jeune femme. Et plus de trois heures qu’elle l’avait rejoint, alors que Raven, l’autre marchombre, avait filé.

Bon. Et bien, maintenant, elle pouvait se redresser. Encore et toujours ce sourire sur le visage.

- Bon ! C’est un bon début, je trouve ! Il faut que tu parviennes à être plus léger. A te faire plus léger. Mais je pense qu’il va falloir aborder autre chose, avant que tu y parviennes de toi-même. Les mots, c’est bien, mais les actes, c’est mieux. Et on apprend en pratiquant.

Hochant la tête à sa propre affirmation, elle se tourna vivement vers Nuhadu, puis vers les deux chevaux qui les regardaient avec curiosité. Un sourire sur les lèvres, elle bondit légèrement pour s’approcher d’eux, et leur dispenser une caresse sur le chanfrein à chacun, ce qu’ils semblèrent apprécier grandement. Poussant un léger soupir, la marchombre se hissa avec facilité et souplesse sur sa monture, invitant par là Nuhadu à faire de même.

- Je suppose que tu as quelques bases, puisque vous êtes venus ici à dos de cheval. On va donc trotter, pour ne pas trop les épuiser, jusqu’à la tombée de la nuit. Ca me permettra de voir comment tu te débrouilles.

Un sourire attachant sur les lèvres, Libertée attendait donc que Nuha se mette en selle avant de porter en avant sa propre monture. Bon, apparemment Nuhadu n’avait pas appris très longtemps auparavant à monter – s’il était déjà monté. Crispé, même si il y avait largement pire, il n’était pas du genre habitué au cheval. Mais tant mieux ! Toujours apprendre plus… C’était magique, non ?

- Détends-toi. Je sais, c’est plus facile à dire qu’à faire, mais il faut vraiment que tu laisses ton bassin accompagner l’allure. Si cela peut t’aider, ferme les yeux, je tiens ton cheval.

Jaugeant sa position, elle y apporta aussi quelques corrections, sans s’attarder sur ces points cependant : pour l’instant, le tout était qu’il soit à l’aise sur sa selle. Ils ne chevauchèrent qu’une petite heure, car le soleil tombait lentement à l’horizon, et Libertée arrêta leur progression alors qu’il faisait encore assez lumineux pour dresser un campement sans difficulté. Elle montra donc les premiers gestes au jeune homme. Et puis, alors que le soleil n’était plus que rayons sur le ciel, Libertée donna un arc à Nuhadu – arc prit à l’arrière de la selle de sa monture – ainsi que quelques flèches, en prenant un pour elle-même.

Elle l’éloigna du campement d’une vingtaine de mètres, cherchant une souche ou quelque chose s’en approchant. Quand elle finit par en trouver une, elle fit une dizaine de pas pour s’en éloigner, et traçant un trait sur le sol poussiéreux.

- On va aborder le tir à l’arc, d’abord. Pour l’instant, tu n’as pas besoin de flèches, tu peux les poser là, dit-elle en désignant le sol, au pied d’un arbre, un peu plus loin. Bien. Viens te mettre à côté de moi, et montre-moi comment tu ferais pour bander l’arc.

Comme il n’avait pas du tout mentionné l’arc ou le tir à l’arc quand elle avait demandé ce qu’il avait pu apprendre, elle en avait déduit qu’il ne s’en était jamais servi. Mais la façon dont il eut de lui montrer ce qu’elle demandait démenti immédiatement ce qu’elle en pensait..

Sujet: Re: Groupe Vifé - Cours n°2 Sam 10 Mar 2012, 02:50

Le jeu est devenue encore plus compliqué qu'auparavant. Elle l'attend toujours avec un grand sourire, perchée sur une branche ou une autre et chaque fois qu'il arrive à son niveau elle repars, toujours plus loin, parfois plus haut, elle accomplit des bonds qui le laissent tétanisé par son audace et sa réussite. C'est beaucoup trop pour qu'il la rattrape réellement ! Il pourra faire tout son possible pour la poursuivre, elle garde toujours une avance qu'il ne pourra jamais égaler. Il s'acharne pourtant à jouer le plus possible avec les branches, essayant de prendre toujours plus de vitesse, ne s'accrochant qu'un instant aux branches pour acquérir un peu d'inertie avant de filer sur une autre. Le plus dur était cependant de regrimper par la suite, il était souvent obligé de s'arrêter pour chercher des appuis sûrs, ce qui nuisait sérieusement à ses chance de rattraper Libertée. L'idée de copier les mouvement de son maître est tentante, mais il n'a pas sa détente, son agilité ni même énormément de choses qui feraient qu'il ne pourrait que tomber. Il est obligé de se construire son propre chemin, avec ses propres compétences qui en sont encore plus freinée par le souvenir de son dernier voyage dans les arbres.

C'est parfaitement épuisé et incroyablement moue qu'il finit par rejoindre son maître au sol. Le soleil n'en a toujours pas fini avec ça course, il se doute bien qu'elle ne le lâchera pas tout de suite. Regrettable ou heureux ? Il pencherait pour la deuxième idée. Il ne l'a sûrement pas satisfaite avec ça piètre performance, il ne demande que le moyen de se racheter et de lui montrer ce qu'il peut faire. Il n'a quand même pas passé toute ce temps avec des maître marchombre sans acquérir un minimum de compétences.. si ? Quoiqu'il faut bien avouer que tant de temps n'était pas si immense finalement. C'est presque désespérant de se dire que son évolution, pourtant pas légère, n'est en rien appréciée.
Sauf que..

- Bon ! C’est un bon début, je trouve ! Il faut que tu parviennes à être plus léger. A te faire plus léger. Mais je pense qu’il va falloir aborder autre chose, avant que tu y parviennes de toi-même. Les mots, c’est bien, mais les actes, c’est mieux. Et on apprend en pratiquant.

Être plus léger. Il se demande si son fort appétit est à mettre en cause ou si elle parlait encore avec des termes plus larges et profond. De toute façon, elle a bien raison ! Rien ne se comprend mieux que dans l'essaie et il ne reculera devant aucune épreuve pour atteindre chacun des objectifs qu'elle lui ciblera. Il n'a aucune intention d'échouer dans sa voie et au-delà de ça, il n'a aucun doute que ce soit la bonne et l'unique qui lui convienne. Du haut de sa monture elle l'invite à la rejoindre pour reprendre le départ. Il courre récupérer ses épées et le reste de ses affaires avant de récupérer Kishi et de la mener maladroitement à ses côtés. Il n'est pas encore familier avec l'étalon, mais il finira bien par s'y faire.

- Je suppose que tu as quelques bases, puisque vous êtes venus ici à dos de cheval. On va donc trotter, pour ne pas trop les épuiser, jusqu’à la tombée de la nuit. Ça me permettra de voir comment tu te débrouilles.

Quelques, le mot est bien choisit. Il n'a eut que le temps de se familiariser un peu avec le canasson et la position. D'ailleurs, il n'était pas parvenu à galoper à la suite des autres, faute que son cheval ne répond pas parfaitement à ses demande. Était-il vraiment un gros paresseux ? Il ne connaît rien à la mentalité des chevaux, mais il sait qu'il pourra tenir un trot sans trop de difficultés, aussi il acquiesce silencieusement pour approuver sa supposition. Elle prit soin de lui offrir des conseils supplémentaires pour parfaire ceux de Raven, lui conseillant de se détendre. Malgré ses doutes quand en la confiance à apporter à apporter à la bête qui le porte, il l'accorde plus aisément à ce cheval trop calme. Il ne refuse pas pour autant la proposition de Libertée, si ça peut l'aider, autant qu'il essaye les yeux fermés. On peut percevoir tellement de choses quand on abandonne l'un de ses sens. Il se souvient encore de la course poursuite dans les sombre cachots sous l'académie avec Bella. Elle s'amusait à les plonger dans les ténèbres pour qu'ils ne s'appuient pas sur la vue.

Tout les marchombres se ressemblent-ils finalement ?

Quand ils s'arrêtent, il n'est qu'à quelques heures que la nuit tombe. Ils quittent leur montures et dresse un camp sommaire, du moins elle le dresse, prenant soin de lui donner la démarche à suivre. Il est épuisé et il espère de tout son cœur que Libertée sait mieux cuisiner que lui. Pour tout dire, il n'a jamais vraiment touché une préparation de sa vie et il mange la plupart du temps de la viande séchée ou des bâtonnets de Siffleurs, ce qui n'est pas très alléchant. Mais au lieu du repas et du repos tant espérés, son nouveau maître lui tant un arc et des flèches. La lassitude le pousse à laisser échapper un soupir, mais c'est plus pour la forme qu'un réel désespoir. Il se saisit du tout et l'accompagne face à un souche. Elle s'assure qu'il soit une bonne distance de cette dernière, ce qui ne l'empêche pas de noter qu'il s'agit d'une distance de débutant, ce qu'il est encore sans doute. Elle ne peut pas se douter qu'il en a apprit une légère partit dans une petite escapade chez les Faëls. Bon, il avait surtout était piégé par l'humour décalé de ces êtres à part, mais la rencontre de Wanya lui avait permit d'en tirer un certain enseignement. En se les remémorant, il en note une certaine similitude avec le lancer de couteau que Raven lui a enseigné. Cette idée récurrente de devenir le projectile un instant.
L'une des clés du marchombre ?

Il chasse ses derniers élans de fatigue pour bander l'arc sous l’œil avisé de son professeur. Le bras tendu devant lui, le dos droit, il essaye de retrouver la position que la marchombre lui avait conseillé il y a de cela.. un temps fou. Il ramène la corde jusqu'à son oreille dans une inspiration et se bloque pour qu'elle puisse prendre conscience de ses probables erreurs. Cet arc est bien moins difficile à bander que celui que lui ont abandonnés les Faëls. Il s'épuise bien plus sur l'autre que sur celui-ci qui ressemble plus à celui de Wanya. Faut-il voir là une préférence marchombre ? Ou la préférence de femmes ? Un souvenir du défi de l'après-midi lui assure que les muscles des femmes peuvent bien rivaliser, voir surpasser, avec ceux de certains hommes, dont les siens.
Est-ce étonnant qu'il ne s'en trouve pas faible pour autant ?

Sujet: Re: Groupe Vifé - Cours n°2 Sam 10 Mar 2012, 13:07

En effet, Nuhadu semblait avoir déjà manié un arc. Déjà, parce que ce dernier avait pris place très rapidement entre ses grands mains, et confortablement ; ensuite parce que lorsqu’il fit mine de le bande comme Libertée le lui avait demandé, sa position n’était pas mauvaise du tout. Cependant, la jeune femme y apporta quelques corrections, lui tirant l’épaule en arrière, lui montant le coude, dans un alignement entre ses doigts fermés sur le bois, ceux pinçant la corde et l’axe de son coude. Puis, elle s’éloigna, le regardant quelques instants, finissant d’inspecter sa position.

- Garde bien tes pieds ancrés dans le sol, ne soulève pas les talons : tu seras plus stable, et donc auras moins de chance de dévier la flèche par la suite, quelle que soit sa trajectoire. Bien souvent, les défauts de précision viennent de là.

Un sourire sur les lèvres, la jeune marchombre cligna des paupières quelques secondes, avant de prendre son propre arc pour faire une première démonstration à Nuhadu.
Ses doigts glissèrent, allègres, légers, sur le bois délicat de son propre arc. Ouvragé de ses propres mains, après avoir suivi une sorte de formation chez un ébéniste, elle en était très fière, et le gardait la plupart du temps avec elle, bien calé dans son dos. La pulpe de ses doigts décrivirent une légère courbe, passèrent sur un pétale sculpté, avant de se saisir de la poignée ouvragée elle aussi. Un soupir franchit ses lèvres, et elle pinça la corde pour venir bander son arc, qui s’arque-bouta sur lui-même, tendant sa ligne de bois, prenant une puissance nouvelle ainsi entre ses mains.
Elle garda quelques secondes la position. Talons ancrés dans le sol, à demie tournée vers le point de mire – la souche – les épaules détendues, le coude redressé, le visage parfaitement serein.
Et puis un sourire.

- Il faut vraiment que tu penses à cet axe entre tes doigts et ton coude. Et que tu libères bien ton épaule extérieure.

Relâchant la pression le long de son arc, Libertée se pencha pour saisir l’une de ses flèches, et l’encocha directement sur la corde, montrant encore une fois à l’apprenti comment s’y prendre. Elle finit par bander à nouveau l’arme de bois, et ferma les yeux. Dans un souffle, elle relâcha ses doigts, la pression, et la flèche fila. Fendant l’air, elle emporta le soupir de la marchombre avec elle, dans son sillage, avant de se planter profondément dans la souche d’arbre.

Un petit sourire sur les lèvres, Libertée fit quelques pas dansant sur le côté, avant de hocher la tête vers Nuhadu.

- A toi !

Lui adressant un clin d’oeil jovial, la jeune femme récupéra les fleches et les lui tendit une à une./i]

- On mangera seulement quand tu auras réussi à planter trois flèches à moins de cinq centimètres de la mienne. Fais-le savoir à ton estomac !

[i]Eclatant de rire à sa propre répartie, la jeune marchombre se recula de quelques pas pour laisser Nuhadu faire. Quand il commença, elle s’approcha cependant de lui pour corriger les quelques défauts dont il avait conscience mais qu’il ne parvenait pas à reproduire de lui-même. Cela devait devenir des automatismes, des réflexes, tout cela, et en ne cessant de le reprendre, toujours gentiment et avec le sourire, elle imprimait à son corps les bons mouvements. Pourtant, elle ne l’obligeait pas à une certaine rigidité, loin de là : elle composait avec les tensions ou autres qu’elle pouvait tout simplement voir.

Au fur et à mesure qu’il s’exerçait, les mouvements se faisaient plus fluides. Plus légers. Plus harmonieux. Un sourire sur les lèvres, lorsque Nuhadu planta sa troisième flèche au point visé, Libertée l’aida à aller chercher tous les autres traits qui s’étaient perdus un peu plus loin. Puis, ils revinrent vers le feu qui crépitait joyeusement, alors que les étoiles commençaient à briller tranquillement dans le ciel d’ébène.

- Tu ferais mieux de t’étirer avant qu’on ne mange. Ca évitera des courbatures demain.

Se tournant vers le feu, Libertée ne fit pourtant que sortir deux longues lamelles de viande séchée, ainsi que deux galettes de niam de son sac, pour en proposer la moitié à son apprenti qui terminait de s’étirer. Voyant sa mine peu réjouie, elle éclata de rire avant de lui lancer :

- Demain on chassera, mais ce soir tu vas devoir te contenter de ça !

Soupirant d’aise, repue, Libertée s’appuya sur ses mains, pour observer celui qui était désormais bel et bien son apprenti. Une première nuit, loin de tout, autour d’un feu de camp, avec ce jeune homme… Pas la dernière, elle était bien. Il avait un potentiel formidable, elle le voyait clairement dans ses gestes et sa manière de réfléchir pour tout et en tout. Il semblait parfaitement conscient de bien des choses, et pourtant trop terre à terre, trop loin d’une réalité possible, trop dans l’hypothèse, en train de se demander si c’était possible, ou non. Et elle avait envie de le connaître un peu plus, oui. De discuter avec lui.
Mais pas non plus de le forcer, après tout. Ce n’était pas le but.
Ouverture.

Sujet: Re: Groupe Vifé - Cours n°2 Sam 10 Mar 2012, 17:08

Libertée replaça encore un peu son coude, puis se recula pour l'observer d'une moue indéchiffrable. Il tient la position sans fléchir sous ses yeux d'un drôle de rose. Quand il y pense, cette femme toute entière est étrange.. c'est qu'il y a de quoi se demander si elle ne sort pas d'un quelconque conte ou rêve d'enfant. Ça expliquerait sans doute ses immenses sourires, sa petite taille et ses pas de danses.. Il n'y a que l'imagination pour mettre au monde une telle personne. Et pourtant, on aura jamais vu un rêve déplacer un coude.. Non elle est bien réelle.

- Garde bien tes pieds ancrés dans le sol, ne soulève pas les talons : tu seras plus stable, et donc auras moins de chance de dévier la flèche par la suite, quelle que soit sa trajectoire. Bien souvent, les défauts de précision viennent de là.

Il s'applique à suivre la consigne, se disant que la terre doit être l'appuie le plus important du monde puisqu'elle ne cesse de lui conseiller d'en tirer toute la puissance dont il aura besoin. Il prend soin à ce qu'il ne puisse plus bouger les pieds et tente d'en tirer la stabilité qu'elle lui demande. Après tout, les montagnes font peut-être de même pour devenir les inébranlables monts qu'elles sont. Désormais, il faut croire que les seuls facteurs qui puissent faire trembler son arc sont la fatigue et la tension trop longtemps maintenue. Mais Libertée semble satisfaite et il peut tout relâcher.

Elle prend alors son propre arc et l'apprentie en reste bouche bée. L'objet, magnifique, semble avoir été travaillé avec beaucoup de soin et sans doute de coquetterie. On n'en verra sans doute pas d'autres qui dépasse à ce point le terme d'outil pour s'imposer en œuvre d'art. Comme si elle même était en admiration devant sa possession, les mains du maître marchombre se font presque caressantes sur l'arc et Nuhadu a l'impression qu'elle lui voue de tendre pensée. Ça ne l'empêche en aucun cas de le bander avec force et de témoigner de sa solidité. Un Faël se serait peut-être montré jaloux de cet arc !
Il y a cependant plus important que l'outil, c'est l'art de le manier. L'arc et la marchombre s'accompagnent à merveille car, l'un comme l'autre, ils semblent dépourvus de défauts. Elle prend la position qu'elle lui avait recommandée, comme si chacun de ses mots avait décrit ce moment précis. Pendant un temps, le monde semble s'arrêter de tourner pour qu'il puisse détailler chaque détail de sa posture, de ce coude qu'il faut tenir bien haut jusqu'à ses pieds qu'il faut fusionner avec le sol. Une statue des plus réelle se tient devant lui.

- Il faut vraiment que tu penses à cet axe entre tes doigts et ton coude. Et que tu libères bien ton épaule extérieure.

Il hoche la tête car il peut observer ses importants détails qu'elle prend soin de lui noter, mais sans sa démonstration, se serait sûrement resté flou. Avec un sourire, toujours un au bout des lèvres de cette femme, elle laisse s'échapper doucement la puissance qui s'était faufilée dans son arc. L'heure, semble-t-il, est à la démonstration. Elle prend une flèche et l'encoche sous ses yeux, prenant soin qu'il puisse observer sa façon de la tenir. Il se fâcherait presque qu'elle doute de lui sur un point affreusement intuitif mais il se contente de l'observer pour ne pas interférer avec sa démonstration. S'il avait déjà tiré, c'était resté des coups d’essais qui n'ont pas aboutit à grand chose. Elle bande l'arc vers la fameuse souche qu'elle a choisit pour cible. A son étonnement, elle ferme les yeux avant de lâcher le trait dans un souffle. Bien en peine sera celui qui retirera cette flèche de là ! Il espère fortement que ce sera elle.

- A toi !

Il n'ose même pas lui demander s'il doit aussi fermer les yeux. Ce n'est pas digne d'intérêt et de toute façon elle est déjà bien joyeuse, pas utile d'en rajouter une couche, encore moins de faire le malin. Elle lui tend une flèche avec un clin d'oeil. Il ne peut s'empêcher de sourire en retour devant tant de complicité dans ses gestes. Mais la phrase qui suit le fige dans une expression désespérée. Trois flèches à cinq centimètres pour mériter de manger ? C'est bien injuste de faire un tel coup à un homme fatigué et sans doute moralement atteint par le départ de son maître ! Bon, niveau moral il se tient, mais non seulement son ventre gronde déjà en protestation mais ses muscles aussi s'opposent à l'idée de jouer de la corde un nombre de fois encore indéterminé mais déjà très supérieurs à trois ils n'en doutent pas. Il hésite un moment à négocier le nombre, mais le souvenir de son défi du jour, et de son résultat peu concluant, le force à accepter les conditions de la dame. Et de toute façon, il ne faut pas se leurrer, il n'est qu'apprentie ici et on ne veut pas lui apprendre à négocier mais bien à tirer à l'arc.

Il souffle un beau coup en encochant la première flèche d'une série peu prometteuse. Il inspire un bon coup en bandant l'arc, mais avant qu'il ne relâche son souffle et la flèche, des mains viennent le positionner. Wanya lui avait toujours dit de ne pas hacher son souffle dans un tir, aussi il laisse celui-ci s'envoler, se laissant guider par la petite marchombre qui lui épargnera beaucoup de ratés. Quand il retrouve enfin la bonne position, il inspire en visant, s'ancrant au sol pour stabiliser la trajectoire comme le conseille Libertée. Et expire son trait dans la souche, pas trop loin de la flèche-cible. Un premier bon coup, c'est prometteur finalement !

Ne pas se fier à un coup de chance ! Il passe bien une demi-douzaine de traits avant qu'il n'accomplisse l'objectif qu'on lui a fixé. A chaque fois il y a quelque choses à redresser, son maître prenant soin à ce qu'il retrouve toujours la position d'origine, sans doute la position parfaite. Quand la troisième flèche se plante enfin dans la zone voulue, il n'est pas spécialement fier de lui car quand même c'est pas bon du tout d'utiliser le doubles de flèches de son objectif, mais au moins consolé. En fait, tirer une flèche ne prend pas spécialement longtemps. Il va pouvoir manger !

Il se demande si la joie que lui procure cette idée se reflète sur son visage car Libertée est encore tout sourire. Après, il se peut qu'avec cette femme il perde son temps à chercher les raisons qui la font sourire. Une idée amusante lui traverse cependant l'esprit. Il lui est déjà arrivé plusieurs fois d'entendre des hommes assurer que ''Femme qui sourit, femme à moitié dans le lit !''.. A les croire, il doit être bien facile pour eux de l'y inviter. Pensée déplacée ! Il la chasse d'un soupir.

- Tu ferais mieux de t’étirer avant qu’on ne mange. Ca évitera des courbatures demain.
-Tant qu'on oublie pas de manger après, tout me va. Je suis épuisé.

Se secouant néanmoins, il prend le temps de reproduire les étirements que Bella lui a appris. Libertée ne les accomplis pas avec lui, mais il ne lui en tient pas rigueur. Pour elle, ce ne devait pas être une journée spécialement épuisante. Il prend le temps d'insister sur chacun des exercices, pour qu'on aille pas dire qu'il bâcle les chose et aussi parce que les courbatures ne lui plaisent pas particulièrement. Une foi chose faite, il lance un regard affamé vers Libertée, qui ne lui tend que cette fameuse viande séchée habituelle. En même temps, qu'aurait-elle pu lui ramener d'autre ? Il prend sa portion avec une mine déçue qui lui vaut les éclats de rire de son maître.

- Demain on chassera, mais ce soir tu vas devoir te contenter de ça !
-On ? J'espère que ça veut dire que tu participeras, sinon je crains bien que ça ne changera rien au menu.

Ils mangent ensemble dans une bonne humeur qu'il n'aurait pas cru possible une ou deux heures plus tôt. C'est silencieux, mais ça n'en reste pas moins chaleureux. Il y a des chances pour que ça se passe bien finalement.

Sujet: Re: Groupe Vifé - Cours n°2 Mer 14 Mar 2012, 21:54

- Ca dépendra de mon humeur ! Mais je te conseille de ne pas trop compter dessus. Après tout, c'est toi qui doit apprendre à chasser, pas moi. Et on ne s'améliore qu'en pratiquant régulièrement. Si cela sera ton premier essai, tant mieux. Tu seras dûment récompensé !

Sujet: Re: Groupe Vifé - Cours n°2 Ven 16 Mar 2012, 19:40

-Rien ne t'empêche de progresser avec moi.. Je suppose que tu n'as pas encore fait le tour de toutes choses. Peut-être même que j'en sais plus que toi sur certaines....
(sourire rêveur et regard perdu)

-Il parait qu'il n'y a pas de fin à cette Voie.

Sujet: Re: Groupe Vifé - Cours n°2 Jeu 22 Mar 2012, 13:06

- Oui. La Voie du Marchombre est infinie. On a toujours tellement plus à apprendre que ce que l'on a déjà appris... Quoi que l'on sache...

Bien sûr, que je vais apprendre des choses à tes côtés. On apprend de tout, et de tout le monde, toujours. Chaque expérience, chaque rencontre... Tu en sais sûrement plus que moi dans certains domaines, je ne le nie pas !

( Clin d'oeil )

- Et puis, on apprend aussi en apprenant aux autres. Cela nous oblige à nous analyser nous-mêmes, pour correctement enseigner. C'est extrêmement enrichissant...

» Groupe Vifé - Cours n°3
» Groupe Vifé - Cours n°4
» Groupe Er'Lyn - cours n°2
» Groupe Fubiz - Cours n°2
» Groupe Leenio - Cours n°5

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée